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Chapitre 1

Lexie

En cette fin de journée, les rayons du soleil caressent la peau dénudée de mon dos. Il est encore tôt dans la saison pour sortir le bikini mais ici, en Californie, les printemps prennent souvent des allures d’été.
Je suis installée sur une serviette au bord de ma piscine en train de feuilleter un magazine people quand soudain mes yeux sont attirés par un gros titre. Il est écrit que le groupe de rock les Stoners entament leur première tournée mondiale dans quelques jours, avant l’enregistrement de leur troisième album. Pour certaines villes tous les billets ont été vendu en moins d’une heure. Un sourire étire mes lèvres, j’adore ce groupe. Je suis particulièrement fan du chanteur, compositeur, et accessoirement guitariste, Kaze Jonhson, ainsi que de son frère aîné Riley, le bassiste. Tous les deux sont, comme moi, originaire de Los Angeles.

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Leur groupe, ils l’avaient tout d’abord monté au lycée avec un copain, Cole, le guitariste ; et Dave, le quatrième membre, le batteur, les avait rejoints un an plus tard. De petit concert en petit concert, de bar en bar, ces mecs talentueux s’étaient fait une belle réputation dans leur région en déplaçant une horde de groupies dans leur sillage. Mecs ou nanas.
Puis, un été, ils avaient participé à un grand festival et avaient été repérés par un producteur de Miami. Après un premier album prometteur, le groupe avait littéralement explosé avec le suivant, se plaçant non seulement numéro un dans les charts américains, mais également dans de nombreux pays étrangers, avec un bon lot de récompenses à la clé.

 

Aujourd’hui, ces rock stars vivent à Miami et le monde est à leur pieds.
D’après les rumeurs, ils aiment faire la fête mais sont aussi réputés pour être de sacrés bosseurs. Ce qui ne me surprend pas car même s’il y a une part de chance dans toute réussite, un groupe n’arrive pas à ce statut de star mondiale en si peu de temps, en se reposant uniquement sur son talent.
A présent, ils font régulièrement la couverture des journaux people qui traquent leurs moindres faits et gestes. La rançon de la gloire. Les mecs apprécient leur son et les filles craquent pour leurs mélodies et leurs physiques, plus particulièrement pour celui de Kaze, le plus exposé. Et pour Cole aussi, qui possède un truc spécial qui rend les nanas dingues.

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C’est mon frère Yuri qui m’a fait découvrir ce groupe, à l’époque j’avais à peine seize ans et lui dix-huit. Nos parents s’étaient absentés un week-end et mon frangin m’avait emmenée dans un bar où les Stoners se produisaient. Yuri m’avait menacée de me foutre une fessée devant tous ses potes si je touchais à une seule goutte d’alcool ou si j’échappais à sa surveillance. Je laisse échapper un petit rire à ce souvenir.
 

Ce fameux soir je les ai vus pour la première fois, je l’ai vu lui, Kaze… Une véritable explosion pour mes hormones d’ado ! Le premier, et le seul, gros crush de ma vie pour un mec.
Cet énorme crush avait bien duré deux ans. Pour être franche, à cette époque, j’étais carrément obsédée par le groupe. Enfin, Kaze surtout était devenu mon obsession.
Puis, je m’étais finalement calmée pour m’intéresser à eux de loin. 
Dieu merci j’ai grandi !

 

En septembre dernier j’ai commencé ma première année de fac et, à dix-neuf ans, j’ai un pied dans le monde adulte maintenant. Evidemment, j’écoute toujours les tubes des Stoners à la radio et j’adore ce qu’ils font, mais mon crush s’est transformé en une admiration saine et mature. D’ailleurs, j’irai certainement les voir en concert si l’occasion se présente et si mes finances de petite étudiante me le permettent. Je bosse dans un hôtel comme réceptionniste quand je ne suis pas à la fac.

 

Soudain des bruits de pas me sortent de mes réflexions. Je tourne la tête et aperçois ma coloc et meilleure amie, Nina, s’approcher de moi.
 

-« Salut Lexie ! Alors t’as passé une bonne journée ? » me lance-t-elle en souriant.

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-« Grave, ça fait du bien de souffler un peu. J’en avais par dessus la tête des révisions. »
-« T’as bien raison, il faut savoir faire des pauses de temps en temps. »
-« Et toi, ça s’est bien passé au boulot ? »
-« Plutôt bien, si on met de côté les clients râleurs et les éternels insatisfaits ! » me répond-t-elle en faisant une mimique consternée.

 

Nina travaille dans un fast-food pour payer ses études à la fac. Je sais qu’elle a des journées stressante et j’admire sa façon de positiver tout le temps. Elle est dotée d’une patience et d’une force intérieure incroyable.

-« Tu devrais profiter du week-end pour te détendre toi aussi. » dis-je en me relevant.
-« Justement c’est prévu, d’ailleurs tu devrais aller te préparer parce que ce soir on sort ! » me lance-t-elle le regard pétillant.
-« Ce soir ? »
-« Interdit de refuser ! On a toutes les deux besoin de décompresser et je connais l’endroit idéal pour ça ! »

 

Quand elle a cette lueur dans les yeux je sais que ça ne sert à rien de batailler, et puis, même si je préfère de loin rester à la maison à regarder Netflix en pyjama, je sais qu’elle a raison. Ca va nous faire du bien de changer d’air un peu.
-« Ok, t’as gagné ! Je file prendre une douche et on va où tu veux ! »

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-« Yess ! Y’a un happy hour au Blue ce soir, comme ça on se ruine pas et on est sûre de s’amuser… » dit-elle en mimant un déhanché groovy.
Je ne peut me retenir de rire en la voyant faire l’idiote. Je sens que cette soirée va être mémorable.

 

Deux heures plus tard, nous entrons au Blue, un petit bar local où on passe du bon rock et où les jeunes du coin aiment se retrouver entre amis pour boire des bières. Loin des bars branché et ultra fréquentés de L.A, le Blue offre à la fois un cadre chaleureux et une ambiance décontractée. Ici tout le monde se connaît.
Nous nous installons au bar et commandons nos boissons. L’ambiance est plutôt calme ce soir, quelques habitués sont installés à des tables, leur éclats de voix se mêlent à la musique entraînante des Doors diffusée par les speakers. Nina et moi nous mettons à discuter de nos cours à la fac et des derniers potins concernant les étudiants les plus populaires.

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Après ma deuxième bière, je me lève pour aller aux toilettes, abandonnant mon amie au bar. 
L’alcool me fait un peu tourner la tête, je n’ai pas l’habitude de boire et même une bière est capable de me saouler en un rien de temps. Dieu merci je n’en suis pas encore là, mais c’est clair que le prochain verre que je commande sera un jus de fruit.

 

Je me dirige vers les toilettes d’une démarche flottante. En chemin je croise le regard d’un étudiant en classe avec moi et lui adresse un sourire en guise de salut, auquel il répond par un sourire accompagné d’un clin d’oeil. Je presse le pas pour ne pas qu’il m’accoste et me réfugie littéralement derrière la première porte que je vois. Je m’adosse contre la porte en soufflant et pousse un petit cris de surprise en relevant les yeux. 
 

-« Je crois que c’est les toilettes des hommes ici. » déclare une voix masculine un peu enrouée.

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Je reste figée, les yeux exorbités et la bouche ouverte. Il est là, devant moi. C’est lui… en chair et en os. J’arrive pas à le croire, je dois rêver. Pourtant c’est bien lui, je le reconnais, avec ses cheveux noir qui font ressortir ses yeux d’un bleu incroyable et son tee-shirt blanc qui rehausse la beauté de ses tatouages que je connais par coeur… 
 

Mon coeur et mon cerveau s’emballent, je sens le rouge me monter aux joues. Bordel, je suis à quelques centimètres à peine de Kaze Jonhson, l’emblématique chanteur des Stoners. 
Dans un ultime élan de lucidité je tente de reprendre une contenance. Enfin plutôt un air normal.

-« Je… euh… Pardon, j’ai pas fait gaffe… A vrai dire j’étais tellement pressée d’éviter quelqu’un que je suis entrée sans regarder… » dis-je la voix chevrotante.
 

Il plante ses superbes yeux bleu dans les miens et je jure qu’à cet instant mon cerveau fait un méchant shutdown, à en oublier mon prénom. Il me sourit et laisse échapper un rire spontané qui me fait vibrer de la tête aux pieds.
-« Dans ce cas je comprends, il y a des fois où il vaut mieux prendre la fuite et se cacher ! » me répond-t-il sans me lâcher des yeux.

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Oh mon Dieu ! Bordel ! Je fais un effort surhumain pour que mes jambes et mes mains arrêtent de trembler. C’est un mec comme un autre après tout.
 

-« Comment ça se fait que je me retrouve devant le chanteur des Stoners dans les toilettes du Blue ? » demandé-je le plus naturellement possible.
-« Je suis ici avec le groupe, dans une pièce privée derrière. Le patron du Blue est un vieil ami et on a eu envie de venir passer un moment avec lui avant de démarrer notre tournée… Mon frère et moi on venait souvent ici quand on était plus jeune, on est originaire du coin… »
-« Oh… Ok… Promis je ne dirais à personne que je t’ai vu ici ce soir. » déclaré-je avec un sourire entendu.
-« C’est cool, merci… »

 

Quelques secondes s’écoulent, ou plus… L'atmosphère est comme figée autour de nous, ses yeux sont toujours plongés dans les miens. Il est tellement sexy et troublant. J’essai tant bien que mal de rassembler mes esprits pour aligner une phrase correctement.
-« J’aime beaucoup ce que vous faites. » réussis-je à dire.
-« C’est laquelle, ta chanson préférée ? »
Sa question me prend par surprise.
-« Rising star. » répondis-je du tac au tac.

 

Il se fige un instant.
-« Je vous ai entendus, ton frère et toi, la chanter en duo la première fois que je vous ai vus jouer dans ce bar il y a quelques années… à vos débuts. »

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Il ne répond pas tout de suite, mais nos yeux restent accrochés l’un à l’autre pendant un moment, l’espace entre nous est chargé d’un truc indéfinissable. Puis, je l’entend se racler la gorge.
-« C’est aussi une de mes préférée. » lâche-t-il d’une voix encore plus enrouée

 

Troublée, je reste muette, perdue dans mes pensées agitées. Le groupe n’a jamais repris cette chanson sur l’un de ses albums, à mon grand étonnement. La mélodie et les paroles sont pourtant magnifiques, une des plus belle de leur répertoire. Mais je sens qu’il y a une histoire très personnelle derrière ce titre. Et je comprends que ne pas l’avoir enregistrée est un choix délibéré.
-« C’est une chanson superbe… » dis-je simplement, sans poser les questions qui me brûlent les lèvres, respectant sa vie privée.

 

Il me dévisage avec un air que je n’arrive pas à interpréter, avant de lâcher dans un léger mouvement du menton :
-« Merci. »
Il y a un silence, puis il s’éclaircit la voix.
-« Comment tu t’appelles ? »
-« Lexie. Lexie Vanovski. » déclaré-je.
-« Vanovski comme le célèbre mannequin ? »
-« Oui, en fait c’est mon père... »
-« Oh waouh ! Alors t’es une célébrité toi aussi. » dit-il le regard pétillant.

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-« Pas vraiment non, mon père nous a gardé loin des médias et de la presse mon frère et moi… Pour nous protéger. »
-« Je vois… T’es à la fac ? » me demande-t-il.
-« Oui, j’étudie la gestion. J’aimerais travailler dans l’hôtellerie, et ouvrir un jour mon propre hôtel. »
-« C’est cool… »

 

De nouveau, il me regarde avec un air indéchiffrable avant d’ajouter :
-« Je vais retourner voir les gars avant qu’ils envoient la sécurité à ma recherche ! C’était sympa de te rencontrer Lexie, bon courage pour la suite… »
-« Merci et continuez, vous êtes super ! »

 

Je le vois hésiter, comme s’il voulait me dire quelque chose, mais il se ravise et m’adresse un dernier sourire, qui m’électrise, avant de disparaître en refermant la porte derrière lui.
C’est le moment de revenir sur terre, dans ma petite vie à des années lumière de la sienne.

 

Quelques minutes plus tard, je ressors des toilettes en cherchant Nina des yeux. Elle est toujours au bar, probablement en train de se demander où je suis. Lorsque j’arrive à sa hauteur je peux lire le soulagement dans ses yeux.
-« Putain Lexie, tu foutais quoi ? »

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-« Désolé j’ai croisé un mec relou, j’arrivais plus à m’en débarrasser… » mentis-je.
-« Ah merde, pas de bol ! C’est pas grave, je paye ma tournée, tu veux quoi ? » 

 

Je vois bien qu’elle est un peu éméchée mais ça me fait tellement plaisir de la voir aussi détendue et insouciante que j’accepte un autre verre. De toute façon, il me faut au moins ça pour me remettre de ma rencontre improbable avec Kaze…

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