Alexey

Je suis accoudé au bar du club à regarder les gens danser et s'amuser avec insouciance, mais pourtant toutes mes pensées sont dirigées vers Niki. Ma vie a complètement changé depuis qu'elle y est entrée en frappant à ma porte.

-« Salut beau brun, on dirait que tu t'ennuies, je me trompe ? »
Nadya s'approche de moi, je reconnais qu'elle est une vraie bombe, mais son charme n'opère plus sur moi, preuve inéluctable que je suis vraiment accro à Niki.

-« Tu n'es pas accompagné de ta petite copine ? » dit la blonde.
-« Non, elle est restée à la maison. »
-« Tu parles comme un mec casé et heureux en ménage. » déclare-t-elle avec une moue dégoûtée.
-« C’est un peu ce que je suis. »
-« Mon pauvre Al. »
Je la regarde surpris, ça fait un bail qu’on ne m'a pas appelé Al.
-« C’est quoi ce diminutif ? » l’interrogé-je.
-« Oh, excusez-moi, monsieur Vanovski. Je ne pensais pas vous offenser. »
-« Non, mais ça me ramène à des souvenirs. » dis-je en souriant.
-« Une fille, je parie ? »
-« Tout juste. Ma meilleure amie, à vrai dire. »
-« Toi ? Ami avec une fille ? Sans sexe ? J'aimerais bien voir ça ! » ironise Nadya.

-« Je n'ai pas dit que nous n'avions pas couché ensemble. »
-« Le contraire m'aurait étonné ! » raille-t-elle.
-« Si tu veux tout savoir, elle a été ma première expérience. »
-« Ah, c'est important, je présume, non ? »
-« Ben oui, pas pour toi ? » lui demandé-je.
-« J’étais très amoureuse de lui. Il m’a quittée. Et toi, elle t’a fait quoi, beau brun ? »
-« Elle s'est enfuie chez sa mère, après l'assassinat de son père. »
-« C’était un mafieux ? » demande-t-elle en se raidissant.
-« Non, un garagiste de mon quartier, il était alcoolique et la battait, apparemment ce soir-là, il y a été un peu fort. »
-« Ouais, chacun ses démons. Et cette nana, tu n'as jamais essayé de la retrouver ? »
-« Non, Elle est partie vivre chez sa mère et ensuite, j'ai fait mon chemin. Mais bon, c'est le passé. Et toi, tu n'es pas accompagnée, ce soir ? »
-« Si, et franchement, il me gonfle. »

Je m’esclaffe devant sa mine dégoûtée.
-« Dis moi, tu es toujours OK pour notre accord avec mes clients bourgeois ? » questionne-t-elle une lueur calculatrice dans le regard.
-« Ben oui, je ne vais pas cracher sur des clients qui ont de quoi consommer. »

-« Bon, et ben il faudrait me rendre un petit service par contre… »
-« Comment ça ? demandé-je suspicieux.
-« J’ai besoin de quelqu'un pour m'accompagner à une soirée où je pourrai rencontrer tout le gratin. J'ai les invitations, il ne me manque qu'un cavalier. »
-« Putain, tu fais chier, Nadya, demande à Ricci ou à Keiji. Niki va avoir une attaque si je lui dis que je sors avec toi. Même pour une soirée. »
-« Elle nous emmerde ta voisine ! Je pensais que tu ne chercherais pas d'excuses puisque c'est quand même grâce à moi si personne ne peut plus lui faire de mal. Bon, et ben laisse tomber c'est pas grave, ça m'apprendra à être sympa… »

Elle a raison… Je ne suis pas très cool pour le coup. Je ne peux pas en parler à Niki, elle sera furax, mieux vaut ne pas ébruiter ce genre de connerie, de toute façon, ça sera que pour un soir et je dois bien ça à Nadya.
-« C’est pour quand cette soirée ? » questionné-je.
-« Mercredi soir… » me répond-elle en souriant.
-« Bon OK, je t'accompagne, mais pas un mot à qui que ce soit, et surtout pas à Niki. »
-« Oh oui oui, pas de soucis, merci beau brun… » me dit-elle comme si sa vie en dépendait.

-« Ouais, allez va rejoindre ton client, appelle-moi pour me donner plus d'informations. »
-« À plus Al… »
Je n'esclaffe, je ne sais même pas pourquoi je lui ai parlé de Tatiana. Après tout, c'est qu'un diminutif. Je pars rejoindre Keiji dans le bureau.

J'entre dans le bureau, Keiji est sur des papiers, je prends une chaise et m’installe dessus.
-« Qu'est-ce que c'est ? » lui demandé-je en regardant les papiers.
-« L’étude pour faire des soirées repas, c'est vraiment bien cette idée. Niki a vraiment du génie. »
-« Normal, c'est ma nana ! »
Keiji me lance son regard ‘pauvre con’, auquel je réponds par un doigt d'honneur en souriant.

-« Non, mais il faut vraiment qu'on parle tous les trois. On peut faire ces soirées cabaret les samedi de 21h à minuit et ensuite les clients rentrent danser, ça ramène du monde. J'ai regardé le devis de Barbara, c'est jouable. On pourrait donner leur chance à des débutants. » dis Keiji.
-« Ouais, ça peut être un bon plan. Elle te plait la copine de Niki, hein ? »
-« Affirmatif. Mais à mon avis, Elle n'en a rien à foutre de moi, et notre première rencontre ne m'a pas donné de bon point. C'est un vrai glaçon cette femme. »

Je rigole, c'est pas sympa de ma part, mais je sais pertinemment qu’il n'arrivera à rien avec Barbara vu ce que Niki m'a expliqué. Elle ne cherche pas un mec pour la consoler, la seule chance qu'il pourrait avoir c'est en tant que père. Sauf que Keiji, tout autant que Ricci, ne sont pas du tout dans le trip d’être père. Moi non plus d'ailleurs, enfin jusqu'à présent.
Bordel ! À quoi je pense là ? Moi, père ? Quelle bonne blague…

-« À mon avis, oui, laisse tomber et passe à autre chose, Niki m’a bien dit qu'elle ne cherchait aucune relation. En plus, elle ressemble beaucoup à… »
-« Tant pis pour elle. Et avec Niki, ça va ? Vous en êtes où ? » me coupe-t-il.
-« Ca va super bien, elle est génial, je suis vraiment amoureux. »
-« Cool, vous le méritez tous les deux. »
-« Ouais, mais j'ai encore la trouille, j'ai vraiment peur pour elle depuis l'agression, je sais que les coupables sont derrière les barreaux, mais je peux pas m'empêcher de culpabiliser. »

-« C’est pas de ta faute. Comment tu voulais faire le rapprochement ? »
-« Ouais je sais et le pire, c'est que je ne sais vraiment pas qui est cette fille ni d’où elle sort. Elle m'a dit être ma voisine en Russie mais c'est impossible… »
-« Ouais c'est bizarre cette histoire quand même. »
-« Et il y a truc qui cloche. Je ne sais pas quoi, mais j'en suis certain. Tout a été tellement vite après l'agression que je ne suis pas capable de réfléchir sérieusement. »
-« Tu as eu des nouvelles ? »
-« J’ai appelé l'inspecteur qui s’occupe de l'affaire, la nana reste sur sa version : elle reconnaît avoir emmené Kelly lors de sa fugue et de m'avoir collé aux basques pour foutre la merde entre Niki et moi, mais elle continue à plaider non coupable pour la tentative d'homicide. »
-« Elle continue dans sa version du coup monté ? s’étonne Keiji.
-« L’inspecteur m'a dit que c'était logique, elle est prise à la gorge. Toutes les preuves sont contre elle… »
-« Elle est bien où elle est, si tu veux mon avis. Ne cherche pas trop, elle ne peut plus faire de mal à Niki donc maintenant, occupe-toi d’elle, et profitez de vos petits moments de bonheur. »

Keiji sait pertinemment de quoi il parle, ce n'était pas la même situation, mais je sais qu’il aurait aimé pouvoir profiter du bonheur avec Marissa plus longtemps…

Nikita

Le lendemain, j’accompagne les filles jusqu’en bas de l’immeuble, nous avons vraiment passé une super soirée toutes les trois. Barbara a vraiment apprécié elle aussi. C’est plutôt cool, je vois la voiture d’Ashley partir et je leur fais signe de la main pour leur dire au revoir. C’est vraiment étrange, j’ai encore cette impression que l’on m’observe, pourtant les gens dans la rue ne prêtent même pas attention à moi.
Je remonte chez moi et en passant devant la porte de l’appartement d’Alex, je stoppe net. Aucun bruit ne fait penser qu’il est levé, il dort je le sais. Non, je n’ai pas regardé à quelle heure il est rentré, mais je me doute que c’était très tôt ce matin et il est à peine 9h.
J’ai envie de frapper à la porte mais je me retiens, il faut que je le laisse se reposer. Je rentre donc chez moi et me dis en regardant l’intérieur de mon frigo qu’il est grand temps que j’aille faire quelques courses. Au moins ça me permettra de patienter jusqu’à son réveil.

Je descends donc en direction de la supérette qui se trouve à quelques pâtés de maisons. J’achète ce dont j’ai besoin et ressort avec toujours cette impression d’être observée. Je m’active pour rentrer au plus vite quand je tombe nez à nez avec l’ex d’Alex. Je suis plus qu’étonnée, qu’est-ce que cette garce fait dans mon quartier ?

-« Tiens, bonjour Nikita. Comment vas-tu ? » me demande-t-elle de son air hypocrite.
-« Bien, merci. J’ai appris ce que tu as fait pour qu’on puisse retrouver la personne qui a… » essayé-je de déclarer.
J’arrive même pas à dire le mot.
-« C’est rien voyons, il est normal que j’aide Al avec tout ce que nous avons partagé tous les deux ! » affirme-t-elle.

Je plisse mes yeux, je rêve de lui arracher les siens. Elle veut me rendre jalouse et le pire c’est que ça marche du feu de dieu.
Je la regarde droit dans les yeux, les siens brillent de satisfaction. Je déteste cette femme pourtant, je me retiens. Je lui réponds en arborant même un sourire mielleux :
-« Si tu appelles un simple plan cul… un partage, je crois comprendre ce que tu veux dire. »

Elle passe de ravie à furax. Bien fait pour ta gueule, connasse !
-« Je vois que tu t’es bien remise de l’agression. Alex m’a pourtant dit hier soir que c’était pas la grande forme pour vous. »

Quoi ? Ils étaient ensemble hier soir ? Et ils ont parlé de moi ?
Je sens la jalousie monter en moi, mais je me reprends, je suis plus intelligente que ça. Je vais pas lui faire plaisir, c’est ce qu’elle recherche.

-« Rien d’étonnant, il est fou amoureux, mais bon peut-être qu’avec ton métier, tu ne connais pas ce sentiment. »

Je la vois devenir blême de colère et me surprends à me demander si elle va pas me sauter dessus.
-« Alex, amoureux de toi ? T’es qu’une passade. Il n’a été qu’une seule fois réellement amoureux et il n’a jamais pu passer à autre chose. Toute sa vie de débauche n’était que pour l’oublier, mais il n’y est pas arrivé. C’était sa première petite amie. » réplique-t-elle dédaigneuse.

-« Je connais cette histoire, Nadya, Alex ne m’a jamais caché son passé. »
Bon je mens un peu, car il ne m’a jamais dit qu’il était fou amoureux. Mais je n’allais quand même pas laisser cette dinde me faire passer pour une histoire insignifiante !
-« Tu crois qu’il pourrait laisser cette vie de débauche et de luxe pour une nana aussi introvertie que toi ? Vous n’êtes pas compatibles, regarde-toi, il a besoin de quelqu’un de son milieu. Une femme qui sait le comprendre et le laisse vivre à sa guise. Plus dans mon style, si tu vois ce que je veux dire. »

Je reste très calme, même si l’information qu’elle vient de me donner est pour moi de la plus haute importance. Je me sens plus que mal. Cette garce connaît mieux que moi le passé de mon mec. Je ne me démonte pas et lui réponds le plus calmement possible :
-« Peut-être bien, mais en attendant c’est avec moi qu’il l’oublie ! » affirmé-je en prenant exemple sur Ashley.
-« Pour combien de temps ? » sourit-elle arrogante.
-« Ca te regarde en rien. »
-« Tout me regarde avec Alex. »
-« Tiens donc ? » questionné-je avec mordant.

-« Si lui et toi êtes encore ensemble, c’est parce que je le veux bien. Je gère tout ce qui le concerne depuis son retour ici. »
-« Je crois que tu te trompe sur toute la ligne, Nadya, Alex et moi on est plus proches que tu le crois. »
-« Puisque tu le dis. Pour ma part je sais très bien qu’il me reviendra. »

Elle se retient, je le vois bien, ça dure quelques secondes puis elle plaque un sourire confiant sur ses lèvres. Je sais qu’il est complètement faux.
-« Si c’est ce que tu crois… » dis-je.
-« Tu le verras bien assez vite. » dit-elle avec un sourire suffisant.
Elle se casse sur sa tirade moqueuse et me souhaite une bonne continuation. Je reste sana voix, mon cerveau n’arrive plus à réfléchir, comme paralysé.

Je sors mon portable. Je vais appeler Alex et lui passer un savon, il s’est entouré de cinglées ! Je me reprends à la dernière minute et envoie un texto à Ashley pour qu’elle me rejoigne.
Est-ce que je me suis trompée sur toute la ligne ? Nadya et lui sont-ils plus que ce qu’il m’a expliqué ? J’arrive pas à y croire. C’est impossible, j’ai confiance en Alex.

Quelques minutes plus tard, j’aperçois mon amie.
-« Putain ! J’y crois pas ! C’est une histoire de dingue ! » s’exclame-t-elle.

-« On peut dire que c’est dingue, oui. »
-« Quelle salope ! »
-« Elle m’a menti, j’en suis certaine. » répondis-je simplement.
-« Il vaut mieux pour lui… S’il te fait ça, je lui casse la bouche ! » dit Ashley très sérieusement.
-« Non, je suis certaine que c’est elle qui a une araignée au plafond. »
-« Tu crois qu’elle est amoureuse d’Alex, elle aussi ? Comme l’autre tarée ? »
-« A vrai dire, j’ai un grand doute sur la tarée et puis elle a clairement dit qu’elle avait été manipulée, non ? »
-« Tu crois qu’elles étaient de mèche ? questionne mon amie effarée.
-« J’en sais rien. Mais je crois bien qu’elle se connaissent. »
-« Un peu normal, c’est toutes les deux des escort-girls. »
-« Ash, j’aimerais aller au commissariat pour qu’on m’explique ce qu’il s’est passé exactement. »
-« T’en es sûre ? Je veux dire, tu as déjà pas mal souffert psychologiquement. »
-« Je suis une grande fille et j’ai déjà beaucoup trop repoussé pour connaître le fin mot de cette histoire, allons-y s’il te plaît. »
-« Tu veux pas en parler avec Alex avant ? Il va être furax ! »
-« Non, pas pour l’instant. Je verrai après, selon ce que je vais apprendre. »
-« Ok, eh ben, on y va. » me répond-elle.

Nous arrivons au commissariat, j’en mène pas large, mais il faut que j’aille jusqu’au bout, autant pour moi-même que pour ma relation avec Alex.
Je demande à parler avec l’inspecteur. Ce dernier vient à notre rencontre et nous reçoit dans son bureau. Il m’explique ce que je sais déjà. Je peux à présent commencer mon interrogatoire moi aussi :

-« Et cette fille que vous avez arrêté, que savez-vous d’elle ? » demandé-je.
-« Il s’agit d’une prostituée, nous avons un dossier la concernant pour racolage. »
-« Et vous ne la croyez pas, quand elle vous dit qu’elle n’y est pour rien dans mon agression ? »
-« Mademoiselle Steal, les preuves sont là. Il est certain que c’est elle qui a joué un rôle dans la fugue de la jeune Kelly, et qui a voulu vous faire porter le chapeau. De plus, Mr Vanovski a bien reconnu qu’elle l’avait cherché à plusieurs reprises dans son club et le fait qu’elle l’attende devant chez lui la veille de votre agression nous laisse présumer qu’elle est coupable. »
-« Je comprends, inspecteur, mais elle vous a quand même dit qu’elle avait été manipulée par une autre personne. »
-« Mademoiselle, les inculpés sont prêts à tout pour s’en sortir lorsqu’ils se sentent pris au piège. Si vous saviez le nombre d’homicides commis par jalousie ou passion sur lesquels nos bureaux enquêtent, vous seriez sur les fesses. Pour nous, ce n’est qu’une routine, mais je comprends que pour des victimes, ce traumatisme est horrible. »

-« Puis-je parler avec elle ? »
-« Je crains que non, la mise en examen a déjà été effectuée et pour notre commissaire cette affaire est classée, en attente de jugement. De toute façon, comme nous l’avons répété à Mr Vanovski, elle continue de jurer qu’elle a soi-disant été manipulée par une autre personne et qu’elle n’a pas engagé l’homme qui vous a agressé, seulement elle ne peut nous dire qui est cette personne, c’est beaucoup trop flagrant, c’est une invention de toutes pièces. »

Je suis frustrée, j’ai trop attendu. Pourtant, je suis certaine que Nadya n’a rien à voir avec le rôle de la super-héroïne dans cette affaire.
-« Et cette femme qui a témoigné ? »
-« Mademoiselle Nadya Petrova ? Tout ce qu’elle a déclaré tient la route, d’ailleurs vous avez beaucoup de chance qu’elle ait pu faire un rapprochement avec vous. »
Mais bien sûr, elle est trop géniale !
-« Est-ce que ces deux jeunes femmes se connaissent ? Enfin je veux dire se sont-elles rencontrées lors du témoignage ? »

-« C’est contraire à nos façons d’opérer, nos témoins et suspects ne sont nullement mis en relation lors d’une enquête. »
-« Et si mademoiselle Petrova n’est pas ce qu’elle paraît être ? » questionne Ashley, suspicieuse.
-« Vous avez eu des problèmes avec mademoiselle Petrova ? » me demande l’inspecteur, soupçonneux.

Je cherche une réponse objective, car très franchement mon instinct me dit que l’ex-maîtresse de mon mec m’en veut et m’a fait comprendre que je ne suis rien aux yeux d’Alex. Mais si je lui dit ça, il va très certainement rigoler.
-« Non. Je suis certainement trop sur le qui-vive, je vous remercie pour tout, inspecteur. »
-« De rien, nous ne faisons que notre travail, mademoiselle, je sais que même si cela peut être difficile pour vous, gardez à l’esprit que votre agresseur ne peut plus rien contre vous, maintenant. »

Nous partons du commissariat, je me sens vraiment conne, c’est simple, j’ai l’impression d’être la névrosée de service, comme dans les mauvais films.
-« Ouais, ben rien à faire. Pour eux, l’affaire est classée. Mais, je suis d’accord avec toi, ce que l’autre garce t’a dit n’est pas logique. » affirme Ashley.
-« Merci… Je me sens moins seule… »
-« Normal, c’est logique, en fait. En plus, je n’ai jamais pu encadrer cette connasse ! »
-« Qu’est-ce que je pourrais faire, à ton avis ? »

-« Je pense qu’il faut que tu en parles avec Alex, lui seul pourra t’apporter des explications plausibles. »
-« Oui, tu as certainement raison. »

Je remets en marche mon téléphone et me rends compte que ce dernier a essayé de m’appeler une dizaine de fois et m’a laissé des messages. Je sens que je vais en prendre pour mon grade.

-« Oui, c’est moi… » commencé-je, dès qu’il décroche.
-« Bordel, mais t’es où ?! »
-« Je suis avec Ashley, j’ai été faire quelques courses, je rentre là. »
-« Et tu pouvais pas répondre à ton téléphone ? »
-« Hé détends-toi. Excuse-moi, j’avais besoin de me rendre au commissariat et puis il faut que je reprenne ma vie en main, non ? »
-« … »
-« Alex ? »
-« Oui, je suis là. C’est moi qui m’excuse, je me suis inquiété, voilà tout. »
-« J’arrive de toute façon, à tout de suite. »
-« A tout de suite, mon coeur. Je t’aime. »
-« Moi aussi. »

Ashley lève les yeux en l’air, exaspérée.
-« C’est dégoulinant d’amour ! »
-« Jalouse. » répondis-je.
-« Pff… Bien sûr, je rêve d’être sous l’emprise d’un mec. C’est mon plus grand fantasme. Je suis très contente pour toi, ma chérie, mais laisse-moi avec mon idéal masculin et je te laisse profiter du tien. »
-« Et, c’est quoi ton idéal ? »
-« Un vibromasseur pardi ! Pas d’emmerdes, que du plaisir ! »

Je m’esclaffe, elle me fait trop rire, même si je sais qu’elle mérite autant que moi de connaître l’amour, le vrai. De toute façon, il faudra bien qu’un jour, elle fasse table rase de son passé.

L’inspecteur a sans doute raison. Le traumatisme me rend parano. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, ce doute semble bien réel pour moi. Nadya cache quelque chose, je le sens. Elle a tout de la femme jalouse, ça c’est sûr. Mais alors, pour quelles raisons a-t-elle fait en sorte d’aider à trouver la coupable ?
Contrairement à ce qu’elle veut faire croire, je ne la vois pas du tout dans le rôle du bon samaritain.