Sims Love Stories
Chapitre 13
Kaze
Je regarde mon portable, le souffle saccadé comme si je venais de courir un cent mètre. Une vague de chaleur coule dans mes veines et mon rythme cardiaque fait des pointes de vitesse. Je passe une main légèrement tremblante sur mon visage.
Bon sang, Lexie...!
Elle a le don de me mettre le cerveau à l'envers. Ses mots m'ont remué jusqu'au plus profond de mon être. Je me doute bien que se livrer ainsi n'a pas dû être facile.
Lexie est une fille qui m'a scotché dès la première minute par son physique, sa joie de vivre, son côté pétillant et tant d'autres choses... Cette connexion spéciale depuis notre rencontre au Blue. Puis, ce sentiment étrange que le destin nous a offert une seconde chance. Ma gorge se serre très fort. Je ne veux pas penser que, sans la mort de Riley, on ne se serait jamais retrouvés.
Une drôle de sensation m'envahit soudain, que je n'ai plus ressentie depuis des lustres. Le début d'une chanson, d'une mélodie, quelques notes et quelques mots. Figé, je ne bouge pas d'un pouce alors que mes doigts me démangent sous l'envie de sentir les cordes d'une guitare. L'envie de composer. Puis, cette sensation s'évanouit lentement. Je déglutis et passe une main dans mes cheveux.
Je reste encore quelques minutes à penser à Lexie. Ça fait un petit moment que je me suis isolé dans la chambre où je séjourne. Cole est en bas, dans le salon. Je lui ai dit que j'avais un appel à passer.
Je ne lui ai pas parlé de Lexie. Du moins, pas encore.
Mais il n'est pas dupe. Mon pote sent un truc. D'ailleurs, quand je suis sorti de la voiture à mon arrivée,
son regard s'est fait pénétrant. Ma démarche est peut-être plus légère ? Mon visage, différent ? Je n'en sais rien.
Le connaissant, je sais qu'il attend patiemment que je sois décidé à lui parler. Une habitude entre nous.
Je sors finalement et descend au rez-de-chaussée. Dans le salon, je le trouve sur le canapé devant un match de basket. Sa grand-mère, que j'adore et qui m'a gâté pendant ces deux derniers jours, est montée se coucher.
Cole me lance un coup d'œil avant de reporter son attention sur l'écran, alors qu'une action met le feu au stade.
- Putain, Jordic, qu'est-ce que tu fous ! s'écrie-t-il.
Je m'assis sur un fauteuil confortable en le regardant s'énerver tout seul.
- Tout va bien ? demande-t-il sans quitter des yeux la télé, sa question certainement liée au coup de fil que je viens de passer.
- Oui, ça va. C'est combien le score ?
- 104 - 108.
OK, c'est serré. Pendant les pubs, il jette des coups d'œil de mon côté et, au bout du troisième, je hausse un sourcil.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Il hésite un quart de seconde avant de répondre :
- Tu as l'air plus reposé...
- J'ai rencontré une fille...
- Une fille... répète-t-il lentement.
- En fait, c'est une nana que j'ai rencontrée il y a deux ans, expliqué-je. Le soir où on est allés voir Jake, au Blue. Tu t'en souviens ?
Il opine du chef.
- Quand je lui ai demandé quelle était sa chanson préférée, elle m'a répondu Rising Star.
Cole inspire d'un coup sec avant de lâcher doucement :
- Elle était là... dans ce bar, quand vous l'avez chantée ?
Je hoche la tête à mon tour.
- Oui, avec son frère, Yuri. Lexie, c'est son nom, précisé-je, est de Los Angeles.
J'enchaîne avec la deuxième rencontre au Milton.
- Tu es de nouveau tombé sur elle ? lance mon pote d'un ton presque choqué.
- Oui... Je venais chercher Chloé à son hôtel et elle était là, à la réception, derrière le guichet. En fait, elle travaille en parallèle de ses études.
Je fais une pause.
Cole ne dit rien, mais il m'observe sous toutes les coutures. J'ai l'impression qu'il comprends entre les lignes.
- Dernièrement, elle est remontée jusqu'à Garrett pour me transmettre une photo... Une photo de Riley et moi...
Cole se fige sur le canapé. Puis son regard intense me supplie de poursuivre.
- Son frère avait pris une photo pendant qu'on chantait Rising Star en duo, et elle voulait m'en faire cadeau, complété-je, la voix enrouée. Elle a réussi à découvrir que j'avais de la famille qui vivait à Folly Beach. Elle avait l'intention de confier le cliché à Garrett, afin qu'il fasse le nécessaire pour me l'envoyer directement. En arrivant, elle est tombée sur Milo qui lui a pris l'enveloppe. Dessus, elle avait signé Rising Star et... j'ai tout de suite compris que c'était elle lorsque j'ai vu ça. Je suis parti à sa recherche... J'ai réussi à la rattraper et je l'ai invitée à rester...
La suite, il peut s'en faire une idée. Mon pote demeure silencieux, ses yeux assombris par un tas d'émotions.
- La photo est vraiment magnifique... lâché-je soudain.
- Est-ce que je pourrai la voir ? demande-t-il d'un ton aussi rauque que le mien.
- Oui, bien sûr, murmuré-je en tournant la tête vers lui.
Il m'observe attentivement.
- Cette fille... Lexie...
Ses paroles restent en suspens dans le salon.
- Depuis le début, j'ai senti une connexion spéciale entre nous, avoué-je. Mais il n'y a pas que ça... elle me plaît, elle me plaît vraiment beaucoup. Elle m'attirait bien avant qu'on parle de Rising Star au Blue. Quand elle est apparue devant moi... Si on n'était pas partis en tournée, je crois honnêtement que j'aurais cherché à la retrouver, sachant qu'elle était en première année de fac à L.A.
- OK... répond lentement Cole.
- Avec elle, j'ai envie de tenter... Elle me donne envie de tenter... de vivre, de m'en sortir, je ne sais pas, je ne pourrais pas te dire quoi, exactement. Et je ne veux pas qu'elle disparaisse de nouveau de ma vie. Tout simplement.
- Je suis content pour toi, me dit Cole, une lueur de joie dansant dans ses prunelles.
- Mais le truc c'est qu'elle vit à L.A. et moi à Miami... dis-je en expirant lentement.
- Un pas après l'autre, Kaze... Un pas après l'autre, répète-t-il.
Oui il a raison.
Il se lève du canapé et s'avance jusqu'au seuil de la porte du salon qui donne sur la cuisine.
- Gran m'a dit qu'il restait encore de la tarte aux pommes. Et, je cite : n'oublie surtout pas de mettre une boule de vanille sur la part de Kaze, dit-il avec ironie en imitant sa grand-mère.
- Jaloux, mec ? plaisanté-je. En plus d'être mauvais perdant ?
Ses yeux restent posés sur moi quelques secondes. Je le sent heureux, heureux de retrouver une partie de notre ancienne complicité. Et il ne se gêne pas pour me faire un beau fuck en retour. Ah, il m'avait manqué !
Quand il revient plus tard avec deux morceaux de tarte, on les déguste en silence avant que je ne mette les pieds dans le plat :
- Et toi, tes amours ?
Il lève les yeux au ciel.
- Tu as revu ce mec de L.A. ?
- Une fois. répond-il en haussant les épaules. J'étais pas bien dans ma tête, me confie-t-il, je suis passé le voir. On a baisé et je suis reparti. Je ne l'ai plus contacté, et ça fait des mois. C'est un gars cool, bien même... avoue-t-il. Je ne voulais pas l'utiliser... mais cette nuit-là je m'en foutais ! Je voulais juste oublier... J'ai bien senti qu'il voulait plus... plus que du sexe. Mais je me suis barré pendant qu'il dormait.
- Il sait qui tu es ?
- Il aime la techno. Les Stoners, c'est pas son trip. A l'époque, il ne savait pas qui j'étais, même lors de notre dernière rencontre. Plus tard, quand j'ai commencé à voir tous les articles qui sortaient sur Dave et moi, nos photos placardées sur les réseaux sociaux et dans les magazines, j'ai parlé à notre manager de ce mec...
Je hoche la tête, un peu honteux, car j'ai une grosse responsabilité dans la diffusion de toutes ces merdes et le fait que mes potes y soient mêlés. D'ailleurs, je me souviens de la fois où Cole a pris ma défense en arrangeant le portrait d'un journaliste.
- Ce ne serait pas si terrible si la presse découvrait ton orientation sexuelle. Et je t'ai dit qu'on te soutiendrait...
- Honnêtement, mec, je n'ai pas envie de les exciter plus qu'ils ne le sont déjà. Et c'est la seule partie de ma vie que j'arrive encore à protéger. Je ne veux pas tout leur donner... dit-il en soupirant.
- OK... Mais pour revenir à ce mec, alors...
- Notre manager et le label s'en sont occupés, coupe-t-il. Avec tous ces articles et couvertures de magazines, il avait bel et bien fait le rapprochement avec moi. Je sais qu'ils lui ont fait signer un accord de non-divulgation.
- Ca vaudrait peut-être le coup de lui donner une chance ?
- Avec une nana, c'est déjà compliqué, Kaze ! Alors avec un mec qui deviendrait un petit secret sale et gênant... Je peux être un enfoiré, mais ça n'serait pas juste pour lui. Et de toute façon, je ne suis pas prêt pour ça, pour un truc plus sérieux. Je doute que je le sois un jour, d'ailleurs.
- OK, mais je veux que tu saches que si tu as besoin de parler, je suis là. Et je te soutiendrai quoi que tu décides... Je n'ai pas été là pour toi après...
- Kaze, coupe-t-il la voix rauque, je sais... je sais ce que tu as traversé et ce que tu traverses...
- Oui, mais je vous ai laissé tomber, coupé-je à mon tour, toi et Dave. Riley était tout aussi important pour vous.
- C'était ton frère, Kaze ! Je ne t'en veux pas, je comprends. Tout ce que je souhaite à présent, c'est que tu ailles mieux. Je ne veux pas te perdre... Tu ne sais pas comme ça me fais du bien de voir que tu as meilleure mine !
Je hoche la tête simplement parce que je suis trop ému pour parler. Il se lève et se force à sourire pour alléger l'atmosphère très chargée. Du menton, il désigne nos assiettes vides.
- Il en reste, tu en veux ?
Je m'éclaircis la voix et répond sur le même ton léger :
- Eh bien... si tu me prends par les sentiments.
- Ouais... mais ne t'y habitue pas, hein ?
Je lui lance un coussin qu'il rattrape et laisse tomber sur le canapé.
- Tu tires comme une gonzesse, Jonhson !
Cette fois, c'est moi qui lui fais un fuck qui provoque son rire alors qu'il s'éloigne en direction de la cuisine.
On se goinfre de tarte et Cole tombe sur une chaîne qui rediffuse un bon Marvel.
Le lendemain, mon portable sonne en milieu d'après-midi et le nom qui s'affiche sur l'écran tactile provoque en moi une petite réaction de surprise. Dave. Je sors sur la terrasse pour prendre l'appel.
- Salut, vieux !
- Hey... comment ça va ? Cole m'a dit qu'il avait réussi à te battre à FIFA, enchaîne-t-il immédiatement d'un ton léger.
- Quel vantard, c'est bien la première fois depuis que je suis arrivé ! répond-je avec un reniflement sarcastique.
- Il écrase tout le monde avec NBA. Il peut se prendre quelques branlées à FIFA !
- C'est vrai ! Et toi, les fêtes ?
- Mes parents sont venus à Miami.
- Cool.
- C'était sympa... En fait, je t'appelais pour te confirmer que je venais le 31.
- OK, Milo pourra venir te chercher à l'aéroport.
- Je voulais juste te prévenir que je ne venais pas seul.
- OK... répond-je étonné.
- Zelda m'accompagne.
Là, j'en tombe presque sur le cul. Wouah, Zelda ? Ca faisait combien de temps qu'ils avaient rompu ? Deux ans et demi ? Trois ans ?
- Après... la mort de Riley, elle m'a contacté.
Je ne dis rien. Elle a également connu mon frère, particulièrement à l'époque du lycée.
- Au début, on s'envoyait des textos, puis on a commencé à se reparler au téléphone et à se revoir de temps en temps.
- C'est super, Dave !
- Elle m'a beaucoup aidé... On ressort ensemble, mais c'est différent. On est plus adultes, plus mûrs, je suppose.
- Je suis heureux pour toi, mec.
- Merci...
- Je serai content de la revoir. Ca fait un bail, dis !
- Alors, il n'y a pas de souci qu'elle s'incruste ?
- Bien sûr que non ! Je suis vraiment content que vous veniez tous les deux. Combien de temps vous restez ?
- Deux jours, pas plus, Zelda travaille. Cole en profitera pour repartir avec nous à Miami.
- OK.
- Je suis content de te revoir, Kaze ! lance-t-il soudain.
- Moi aussi, vieux.
- A bientôt !
Je raccroche, pensif.
- Je préférais qu'il te le dise lui-même.
Surpris, je me tourne vers Cole.
- Tu étais au courant... Putain, j'ai vraiment été nul ! Egoïste... Ce que je vous ai fais subir...
- Kaze...
- Il n'a même pas osé me le dire !
- Il vient de le faire. C'est ce qui compte. Elle l'a beaucoup aidé et elle l'aide toujours.
- Je suis content pour lui. En plus, c'est une chic fille.
- Ils ont mûri. Je suis sûr que ça marchera entre eux. T'es chaud pour un baby-foot ? demande Cole en changeant soudain de sujet.
- Je suis chaud.
On entre dans la cuisine et Cole se dirige vers le frigo pour prendre deux bières. Je le suis. Gran prépare l'une de ses délicieuses recettes. Lorsque je franchis le seuil, elle me sourit et je viens à côté d'elle.
- Interdiction de toucher, prévient-elle d'un ton amusé, avec son accent très prononcé.
Je n'écoute pas, bien sûr, et passe mon index sur le bord de récipient pour piquer un peu de crumble, trop tentant. Elle me tape légèrement sur l'épaule alors que je lèche mon doigt avec un grondement appréciateur.
- Gran, c'est à tomber !
- Après un petit moment au four, ce sera encore meilleure, répond-elle en gloussant.
Cole vient de l'autre côté pour en chiper aussi.
- Hé, hé, les garçons, du balais, allez ouste ! Sortez de ma cuisine !
Elle agite ses mains pour nous faire reculer comme si elle chassait des mouches. Cole me tend ma bière et on se barre avec un petit rire.
Le lendemain, je suis prêt à partir. Ma valise a été chargée dans le SUV par Milo, qui discute de sport avec Cole. Je me tourne vers sa grand-mère et la serre dans mes bras.
- Merci pour tout, Gran.
- Ce n'est rien, tu sais que tu es ici chez toi, me chuchote-t-elle. Reviens quand tu veux, et pas dans un an.
- Promis.
Je l'enlace encore une fois et elle me tapote affectueusement le dos. Puis, je m'écarte pour m'approcher de Cole qui se tourne vers moi.
- On se voit bientôt, bro, me dit-il.
- Milo viendra te chercher, comme convenu.
- Ca marche !
Nos paumes se rencontrent dans un claquement viril, puis je descends les marches du perron pour grimper dans le véhicule.
Je m'installe sur le siège passager et je regarde dans la direction de Cole et sa grand-mère en leur adressant un dernier signe. Milo démarre et durant l'heure suivante, au fur et à mesure que Folly Beach se rapproche, je sens mon excitation ainsi que mon impatience monter.