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Chapitre 10

Lexie

Tu as le temps de rester un peu ?
LA VIE ENTIERE !
C'est la réponse que j'ai failli crier lorsque Kaze m'a posé cette question à laquelle je ne m'attendais pas. J'ai encore du mal à réaliser qu'il se trouve à côté de moi en chair et en os. D'ailleurs, mon cœur bat toujours à une allure folle.

 

Bon sang ! Il est à Folly Beach, et non en Europe, là, à quelques centimètres de moi.
Quand j'ai entendu une voix, sa voix, il y a quelques minutes, j'ai tout d'abord cru que mon cerveau me jouait l'un de ses tours. Avant que je ne me retourne et découvre que c'était bien lui.

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Mon ventre se serre un peu plus et le sang s'échauffe dans mes veines alors que je marche à côté de lui. Les pouces dans ses poches, il avance d'une allure nonchalante.
Ce n'est pas un scoop, il me trouble toujours autant. Arriver à marcher sans me ridiculiser relève du miracle. J'inspire profondément pour endiguer le flot d'émotions qui bouillonnent en moi et lance d'une voix  naturelle :

 

- C'est super joli ici, je ne connaissais pas du tout.
 

Il embrasse du regard le paysage avant de me répondre :
 

- Mon oncle a acheté une maison qu'il a retapée, il y a très longtemps. Le coin a bien changé en vingt ans et la valeur de l'immobilier a triplé depuis.
 

Je souris.
- Il a fait une bonne affaire.

 

Il me rend mon sourire.
- Oui... il a eu du flair.

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Nos regards s'accrochent quelques secondes avant de se porter de nouveau sur le petit chemin, mon cœur danse de plus belle après ce bref échange.
On arrive devant le portail de la villa et Kaze m'invite à pénétrer dans la propriété.
Un endroit adorable.

 

- C'est vraiment très joli, dis-je, laissant mon regard dériver sur le jardin encore verdoyant.
 

Il observe autour de lui.
 

- Oui, c'est vraiment un endroit sympa. J'ai toujours aimé y venir.

 

Puis, il me fait entrer dans une maison plutôt moderne. A l'intérieur, la décoration est accueillante et chaleureuse.
Kaze s'approche direct de la photo qu'il avait posée sur une table. Il la prend entre ses mains et la regarde longuement. 
Je respecte son silence, seulement troublé par le bruit de l'océan qui provient de la baie vitrée ouverte sur la terrasse.

 

- C'est ton frère qui l'a prise ce soir-là ? dit-il d'une voix rauque, saturée par l'émotion.

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- Oui... réponds-je d'un ton enroué moi aussi. Ton frère est magnifique, Kaze, sur cette photo. On voit comme il était fier de toi... et comme il était heureux de partager ce moment avec toi.

 

Sa pomme d'adam descend et remonte plusieurs fois. L'atmosphère s'alourdit encore plus. Pendant de longues secondes, il ne dit rien, mais une profonde peine coule de tous ses pores.
 

- J'étais aussi très fier de lui... finit-il par dire en souriant.
- Je suis certaine qu'il le savait. réponds-je spontanément, la voix sourde.

 

De nouveau, son regard se pose sur moi, comme si j'étais soudain une énigme à résoudre. Mes joues se colorent lentement sous son examen indéchiffrable. Puis, il baisse encore la tête vers la photo avant de la relever. Ses beaux yeux bleus plongent dans les miens.
 

- Je ne pourrai jamais assez te remercier pour ce cadeau magnifique. Tu ne sais pas à quel point ce souvenir est important pour moi... ce que ton cadeau représente...
- Je suis heureuse de te l'offrir. lâché-je, émue.

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Il me regarde une nouvelle fois pendant quelques secondes avec cette intensité particulière, avant de faire un mouvement pour glisser soigneusement le cliché dans l'enveloppe et le déposer dans le tiroir d'un meuble.
 

- Qu'est-ce que je peux t'offrir à boire, Lexie ?
 

J'étais sur le point de lui emboîter le pas vers la cuisine quand je pile net, sous le choc. Il se souvient de mon prénom !
Incapable de parler, ni de bouger, je le fixe, une joie immense se répand en moi. Il se retourne, un sourcil levé devant ma réaction bizarre.

 

- Tu te rappelles mon prénom ? dis-je.
 

Une lueur de surprise traverse son visage, comme s'il était évident qu'il s'en souvienne. 
 

- Toi aussi, tu te souviens de mon prénom ! répond-il d'un air espiègle.
 

Son humour me fait éclater de rire. Je vois le coin de ses lèvres se retrousser et ses prunelles briller.

 

- C'est vrai que je suis hyper connue, moi ! pouffé-je.
- La preuve ! dit-il en me faisant un clin d'œil.

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Sur ce, il pivote pour se diriger vers le frigo. Comme il me tourne le dos, j'en profite pour rattraper mentalement ma petite culotte qui vient de tomber sur le sol !
Je le rejoins et m'arrête près de l'îlot d'une charmante cuisine, profitant qu'il soit toujours tourné pour le
contempler...

 

- La décoration est très jolie, ton cousin a bon goût ! lancé-je en m'installant sur un haut tabouret.
 

Kaze se retourne avec un verre de jus dans chaque main, s'avance et me tend le mien. Nos doigts se frôlent lorsque je le prend.
 

- En fait, c'est ma mère qui s'est occupée de la déco... elle est décédée deux ans après. répond-il avant de boire une gorgée, le regard plus sombre.
Du coup, je me retiens de poser des questions sur son père.

 

- C'est superbe. complimenté-je simplement.
- Alors, dis-moi, Lexie, tu es en quelle année à présent ?
- Troisième.

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On passe la demi-heure suivante à discuter de mes matières, de la fac en général et de mes profs. Au fil des minutes, la rock star disparait totalement, laissant place à un mec normal et terriblement craquant. J'ai même l'impression qu'on se connait depuis des lustres, et cette sensation se renforce alors qu'il me pose des questions avec un réel intérêt dans le regard, certaines pertinentes d'autres amusantes.
Puis, à son tour, il me raconte quelques souvenirs de lycée avec ses potes, Cole et Dave. J'éclate de rire à certaines de leur conneries. Le temps défile sans silences gênants.

 

- Tu habites Los Angeles même ? me demande-t-il soudain.
- Oui, au sud de la ville.
- C'est sympa comme coin.
- Oui, j'aime beaucoup, et toi... tu vivais à Shadow Hill, c'est ça ?
- Oui, j'ai grandi là-bas...

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Dire qu'il a vécu à moins d'une heure de l'endroit où j'ai moi-même grandi ! Le monde est vraiment minuscule. Tout à coup, il fait le tour de l'îlot et s'arrête à ma hauteur. Je lève les yeux, le cœur battant.
 

- On peut aller un peu sur la terrasse, si tu veux ?
- Oui, autant profiter de ce temps. réponds-je en souriant.

 

En effet, les températures du mois de décembre son exceptionnellement douce, cette année. On traverse le salon pour déboucher sur une terrasse en bois, assez grande, surplombant un jardin.
Mon regard se perd sur la plage et l'océan, à une centaine de mètres. Je m'approche du rebord.

 

- Wouah, la vue est magnifique ! m'exclamé-je.
 

Je hume l'air frais, les paupières fermées. Puis, je les rouvre en tournant la tête vers Kaze. Mon cœur tressaute lorsque je le surprend à me dévisager, ses yeux éclairés d'une lueur indéchiffrable.
 

- Oui, c'est quelque chose.

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Il s'accoude à mes côtés, et dans un silence apaisant nous admirons le panorama.
 

- J'ai toujours aimé me balader sur la plage. L'océan a quelque chose de relaxant. dis-je sans lâcher la mer des yeux.
- C'est vrai, et on se sent bien petit devant une telle force de la nature. répond-il pensif.
- Entre mon boulot et mes études, je n'ai pas toujours le temps de profiter de l'océan.

 

Il tourne son visage vers moi et le bleu de ses yeux, si pur, me noue le ventre.
 

- Tu veux qu'on aille sur la plage ? Il y a une sortie au bout du jardin.
- Oui, j'aimerais bien.

 

Je le suis dans un petit escalier. Côte à côte, on remonte une allée, qui nous mène jusqu'à une petite plage.
Je me penche pour ôter mes chaussures. Kaze en fait autant avec ses baskets. On se retrouve pieds nus. Nos
regards se croisent et je lui souris, le vent fouette mon visage.
Il me rend mon sourire.

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Puis, en silence, on se met à marcher dans le sable, nous rapprochant de l'océan. Je jette un léger coup d'œil
en arrière et m'aperçois que Milo monte la garde. Apparemment, il ne quitte pas Kaze d'une semelle. Cette protection rapprochée ne doit pas être évidente à vivre tous les jours.

 

- Ton garde du corps a l'air très efficace. remarqué-je.
- Oui... on se connaît depuis des années.

 

On arrive au bord de l'eau.
 

- Alors, tu es remontée jusqu'à Garrett ? me demande-t-il soudain quand on stoppe.
 

Un peu embarrassée, je m'éclaircie la gorge :
 

- Oui... mon père connaissait quelqu'un qui a pu remonter en effet jusqu'à ton cousin. J'espère que ça ne fait pas trop... groupie inquiétante sur les bords ? plaisanté-je pour masquer ma gêne.
- Non ! proteste-t-il d'une voix insistante. D'ailleurs, je suis vraiment content que tu aies trouvé ce moyen pour me contacter...

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- C'est ingénieux d'avoir trompé la presse... Tout le monde croit que tu es en Europe.
- Le manager du groupe a de la suite dans les idées ! répond-il en souriant. Riley adorait surfer ici...
- C'est vraiment un superbe endroit... Je suis sûr qu'il était très bon. rajouté-je.
- Meilleur que moi, c'est certain !
- Mon frère Yuri, lui, adore faire des randonnées. lancé-je avec naturel.

 

Là, il me regarde droit dans les yeux.
 

- Ah oui ?
 

Le cœur battant, je continue d'un ton amusé :
- Il en fait souvent l'été avec ses anciens copains de fac. Il adore le rafting aussi. Moi, j'ai une trouille bleue du rafting ! Il m'a déjà proposé de les accompagner. Jamais !

 

Kaze s'esclaffe.
 

- Il est doué comme photographe. reprend-il plus sérieusement.
- Oui, mais il a choisi des études d'informatique. La photo est une passion qui s'est transformée en loisir. D'ailleurs, quand il part en rando, il ne se sépare jamais de son appareil.

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- Il prend quel genre de photos ?
- De tout, il a des tas de clichés incroyables ! Je pourrai te les montrer...

 

Je me tais subitement, me traitant de conne, alors que le rose me monte aux joues.
 

- J'aimerais bien...
 

Mon cœur fait un violent bond dans ma poitrine. On continu de parler de tout et de rien quand je remarque que le soleil commence à décliner à l'horizon. 
 

- Je dois y aller. dis-je à contre-cœur.
 

Il acquiesce sans rien dire. Sur le chemin du retour, mon esprit est en ébullition.
 

- Je vais te raccompagner. Tu es là combien de temps ? me demande Kaze.
- Jusqu'au 3 janvier.

 

Quand Kaze voit ma Mini, il sourit d'un air espiègle.
 

- Jolie voiture !
- Payée avec la sueur de mon front ! plaisanté-je.

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Kaze se tourne soudain vers moi, le visage déterminé.
 

- Tu peux me donner ton numéro de téléphone ?
- Oui...

 

Il sort son portable de la poche de son jean et enregistre le numéro que je lui donne, puis il appui sur une touche et le mien bipe.
 

- Comme ça, tu as le mien à présent.

 

Oh, bordel ! J'ai le numéro de Kaze Jonhson dans mon téléphone !
 

- Tu es libre, demain ? poursuit-il.
- Oui... je suis libre.

 

Les fêtes de Noël ne démarrent qu'en fin de semaine.
 

- On pourrait passer l'après-midi ensemble. propose-t-il. Et je t'invite à un petit barbecue en soirée. Qu'est-ce que tu en dis ?
- Avec plaisir. réponds-je d'une voix essoufflée en me retenant pour ne pas sauter au ciel.

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- Super... Tu peux être là pour trois heures ?
- Sans problème.
- Tu peux venir te garer devant la maison, demain.
- OK.

 

Je monte dans mon véhicule sous son regard. Il me dévisage avec cette lueur que je n'arrive pas à déchiffrer, une main posée sur ma vitre baissée. Troublée, je resserre mes paumes moites autour du volant.
 

- Roule prudemment. OK ?
- Oui, promis.

 

On se regarde encore quelques secondes en silence avant qu'il ne s'écarte d'un pas en enfonçant les mains dans ses poches.
 

- Alors, à demain. lâche-t-il d'un ton naturel avec un petit hochement de tête.
- A demain.

 

Je démarre, excitée et heureuse. Aucun mot ne peut décrire ce que je ressens à cette minute.

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Une fois chez moi, après le dîner, je passe sous silence ma rencontre avec ma rock star lorsque j'échange des textos avec Nina. C'est trop fou, trop... incroyable ! Et je veux garder ça pour moi, Kaze m'accorde sa confiance. Soudain, Chloé Sparks jaillit dans mes pensées et un léger malaise m'envahit.
Je la chasse bien vite de mon esprit. Rien ne peut ternir cette journée, ni celle de demain !

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