Chapitre 16

Lexie

Le cœur lourd, je conduis ma Mini, le regard perdu sur le pare-brise. Ce soir je vais devoir rentrer chez moi
et retourner à la fac. Mais avant ça, je vais passer cette journée avec Kaze. Le voir une dernière fois avant mon départ.

La veille, je lui ai rendu visite après le départ de ses potes. Au cours de la journée, je l'ai trouvé pensif et, plus d'une fois, son regard pénétrant s'est posé sur moi. Puis, il m'a de nouveau fait l'amour passionnément, me faisant tout oublier : la rentrée, l'avenir incertain, notre prochaine séparation, ma tristesse. Je frémis encore au souvenir de sa bouche et de ses mains avides sur mon corps.

Le virage apparaît dans mon champ de vision, débouchant sur le chemin qui mène chez lui. Je ralentis et freine devant le portail. Kaze est déjà là. Ma poitrine enfle alors que mon cœur rate un tas de battements. J'adore quand il vient m'accueillir d'un air impatient.

Il se précipite vers moi pour me presser contre lui, ses lèvres s'écrasant sur les miennes. Le baiser prend une tournure presque désespérée, car tous deux sommes conscients que nos heures ensemble sont comptées. Je serre étroitement mes bras autour de son cou et ma langue glisse sur la sienne avec la même urgence.

On s'écarte, à bout de souffle. Ses yeux se baissent vers moi.
- Hey...
- Hey, chuchoté-je.

Sans un mot de plus, il me prend par la main et m'entraîne dans la maison, sur la terrasse. Il s'installe sur une chaise longue et je me retrouve assise entre ses jambes, le dos collé contre son torse, la taille encerclée par ses bras musclés.

Après un long silence, je l'entend murmurer dans mon oreille :
- Je n'ai pas envie que tu partes.
- Je n'en ai pas envie non plus, Kaze. Quand est-ce que tu rentres à Miami ?

Il reste silencieux quelques secondes.
- Je n'ai pas encore fixé de date, mais bientôt. Steve, mon manager, va me contacter d'ici peu pour organiser mon départ.
- Kaze...
- Je veux te revoir, Lexie, me coupe-t-il d'un voix percutante. Je ne veux pas que ça s'arrête. Je sais que ce n'est pas simple une relation longue distance mais je veux nous donner une chance.

- C'est ce que je veux, Kaze, répond-je, le souffle court.
- Tu pourras venir à Miami...
- Oui...
- Lexie... ce n'est pas que je veux cacher notre histoire, mais si les journalistes ont vent de ton existence et de notre relation, ils feront de ta vie un enfer, à la fac, partout. Surtout en ce moment... avec ce qui s'est passé l'année dernière...

Bien sûr que je comprend, chaque chose en son temps et pour le moment vivons cachés.

Plus tard, il m'emmène dans sa chambre et on fait l'amour une dernière fois.

- Je ne veux pas te perdre, Lexie !
- Je suis là, Kaze... et je ne veux pas te perdre non plus.
Mes lèvres cherchent avidement sa bouche et j'oublie toutes mes peurs.

Quelques heures plus tard, Kaze m'accompagne jusqu'à ma voiture, au passage, je salue Milo. Près de la portière, mes yeux se mettent à picoter, une larme perle au bord d'un cil. Kaze m'entoure de ses bras puissants, alors que je coule les miens autour de sa taille. Il va tellement me manquer !

- Oh, bon sang, c'est dur ! lâché-je d'une voix étouffée.
Il m'enlace plus fortement, son visage enfoui dans mes cheveux.
- Tu me donnes régulièrement de tes nouvelles, hein ? dit-il.
- Promis.

Il prend ma joue dans sa main et soulève mon menton. Nos yeux s'accrochent l'un à l'autre.
- Dès que c'est possible, on se voit...
- OK, je pourrai venir à Folly Beach, peut-être d'ici quinze jours, trois semaines... Mais c'est sûr qu'avant la fin du mois, j'arriverai à avoir un week-end prolongé.

Pour toute réponse, il s'empare de mes lèvres et me roule une pelle qui me fait frémir de la tête aux pieds, avec passion et une force aussi ardente que désespérée.

Nos bouches se décollent lentement l'une de l'autre. Le rêve est terminé.

- On se voit bientôt, ma puce. Je t'appelle dès que tu es arrivée à L.A, OK ?
- OK, reniflé-je, le cœur déchiré.
- Et dès que possible, tu viendras à Miami, OK ?
- Oui...

Je le contemple une dernière fois, mémorisant ses traits magnifiques, avant de monter dans la Mini. Une larme s'échappe de mes yeux.

Lorsque j'arrive dans la maison que je partage avec Nina, elle sort de sa chambre au même moment et me fait un grand sourire.
- Ah, te voilà enfin ! Salut, ma belle.
- Salut !

Je pose ma valise et me dirige vers ma copine qui s'avance vers moi, très contente de la revoir. On s'embrasse.
- Alors, c'était quoi cette soirée mystérieuse, ton Nouvel An ? me demande-t-elle, impatiente.

Même avec la meilleure volonté du monde, je n'ai pas pu lui mentir quand elle a insisté pour savoir ce que je prévoyais de faire à cette occasion. Et je suis tout aussi incapable de lui cacher mon histoire avec Kaze, à présent. Elle est ma meilleure amie et j'ai une confiance absolue en elle.
Au même moment des larmes se mettent à couler de mes yeux. Elle me dévisage, très inquiète, en posant ses mains sur mes épaules.

- Hé, Lexie, qu'est-ce qui se passe ? s'exclame-t-elle. Tes parents, ton frère...
- Non... non... tout va bien... ils vont tous bien. C'est que... je... je...
- Qu'est-ce qui se passe, Lexie ? Tu commences vraiment à me faire flipper... et tu sais que tu peux tout me dire.
- J'ai revu Kaze !

Il y a un gros blanc, avant que ses yeux ne s'arrondissent comme des soucoupes, le choc se lisant dans son regard.
- Kaze... bredouille-t-elle... Kaze Jonhson ?

J'acquiesce et lui débite dans la foulée : mes recherches, la photo, la virée à Folly Beach pour parler à Garrett, son cousin, ma rencontre avec Milo, le garde du corps, Kaze qui m'a poursuivie jusqu'à ma voiture, son invitation, les jours passés ensemble, le Nouvel An avec Cole, Dave et Zelda.

Un silence de plomb tombe dans la pièce quand j'en ai terminé. Nina ouvre la bouche, la referme, pour l'ouvrir une nouvelle fois :
- Oh, mon Dieu, je n'arrive pas à le croire ! Tu les as rencontrés, tu as couché avec... avec...

Elle se rapproche de moi pour passer un bras autour de mes épaules, sentant ma tristesse et mon malaise.
- Il veut te revoir, c'est super, dit-elle doucement.
- Oui... mais la séparation est vraiment très dure. Et puis, il va retourner chez lui. Il vit à des milliers de
kilomètres...
- Ecoute, je sais qu'une relation longue distance, ce n'est pas simple, mais prends les choses comme elles viennent et ne te pose pas trop de questions. Tu y verras plus clair dans les prochaines semaines, lorsque vous vous reverrez. Et ce qui est important, c'est que vous êtes visiblement prêts à tout pour que ça fonctionne.
- Je ferais n'importe quoi pour que ça marche entre nous ! lancé-je.
- Il m'a l'air aussi accroché que toi, si tu veux mon avis.
- On vit dans deux univers très différents, rappelé-je toutefois.
- Plein de gens, Lexie ! Si tu regardes autour de toi, il y a plein de gens qui se rencontrent et vivent dans deux mondes différents. Tu aimes sa musique et la personne derrière la rock star. Et lui, il t'apprécie à ta juste valeur.

- Merci... répond-je la voix enrouée.
- Alors, comme ça, tu as pu rencontrer Cole et Dave ? Comment sont-ils ? dit-elle d'un ton surexcité.
- Ils sont vraiment simples et super sympas... comme Kaze, en fait.

On discute ensuite de ma soirée du Nouvel An.

Plus tard, je dîne avec Nina avant de foncer dans ma chambre. La porte à peine fermée, mon portable ne tarde pas à vibrer.

Kaze : Tu es rentrée ?
Moi : Oui.
Kaze : Je t'appelle sur Skype.

Le cœur battant, j'entends la sonnerie sur mon Mac. Quelques secondes plus tard, son visage apparaît sur l'écran. Il est également dans sa chambre, adossé contre la tête de son lit. Je le vois me contempler longuement et je me sens rougir.

- Putain, tu me manques trop ! Lexie, lâche-t-il enfin de sa voix cassée.
- Toi aussi... Tu as fais quoi ce soir ?
- Je crois bien que je suis arrivé à épuiser Milo pour la première fois. On a fait un tas d'exercices.

Je souris.
- J'en avais besoin, complète-t-il en me fixant. Et toi...
- J'ai retrouvé Nina, ma meilleure amie, on a dîné ensemble...

- Ca fait du bien d'entendre ta voix...
- Kaze...
- Qu'est-ce qu'il y a, Lexie ?
- Je ne pouvais pas mentir à Nina, avoué-je. Je ne pouvais pas lui cacher à notre sujet, mais je t'assure qu'on peut lui faire entièrement confiance. Et c'est déjà dur de cacher notre relation à mes parents et à mon frère...
- C'est OK, Lexie. Si tu as confiance en elle, il n'y a pas de souci. Pour moi, ça me suffit.
- Merci... J'ai eu mon emploi du temps définitif pour les prochaines semaines. J'ai vérifié, je pourrais bien revenir le dernier week-end de janvier.
- OK...

Durant les secondes suivantes, je le mange des yeux. Mon regard descend sur son tee-shirt blanc qui souligne ses pectoraux parfaits, la couleur mettant en valeur ses tatouages. Je les admire, une nouvelle fois.

- Pourquoi une montre à gousset ? demandé-je en désignant son tatouage du menton.
Il baisse ses yeux vers son bras avant de les relever, un doux sourire sur les lèvres.
- Ma mère adorait ce genre de montres. Elle les collectionnait.
- Oh... C'est vraiment superbe.
- Elle est morte d'une rupture d'anévrisme, quand j'avais dix ans. Le matin, elle était là sur le perron, souriante, et me faisait signe alors que je me dirigeais vers l'arrêt de bus, et quand je suis rentré de l'école, en fin d'après-midi, elle était partie... Mon père l'avait trouvée, gisant sur le sol dans la cuisine... C'était trop tard.

- Et ton père ? questionné-je avec douceur.
- Il n'a plus jamais été le même après... Et Riley et moi, on a dû se débrouiller...
- Tu le vois toujours ?
- Rarement, j'évite ! La dernière fois que je l'ai vu, c'était à...

Sa voix se casse et je comprends.
- C'était à l'enterrement de Riley, ajoute-t-il avant que je ne puisse réagir. Il vit dans le Montana.
- Près de ton oncle ? questionné-je.
- Oui.

On discute encore une bonne heure. Puis, malheureusement, vient l'heure de se séparer.
- Bonne nuit, babe.
- Bonne nuit, Kaze.

Il me fait un petit clin d'œil avant de couper et mon cœur s'emballe.

Les jours suivants, on s'envoie des tonnes de SMS dans la journée et le soir, on se parle par Skype. Le dernier week-end de janvier approche à une allure d'escargot. Je compte les heures, les minutes et les secondes. Je me jette à corps perdu dans mes études et mon job, tout en pensant à Kaze.

Une semaine avant nos retrouvailles à Folly Beach, je décide de sortir un peu de la maison pour m'aérer l'esprit. J'ai besoin de décompresser entre deux révisions intenses.
Je m'engage dans une allée près du fleuve quand le choc me pétrifie sur place. Devant moi, à quelques mètres, se tient Milo avec un petit sourire aux lèvres. Une hallucination.
Mais j'ai beau cligner des paupières, il est toujours là. Mon cœur commence à faire un boucan d'enfer dans ma poitrine, alors que le garde du corps de Kaze s'approche d'un démarche nonchalante.

- Il y a quelqu'un qui est très impatient de vous voir, mademoiselle Lexie. Il vous attend.
- Où ça... réussis-je à bafouiller.

- Dans une salle privée du Blue.

A quelques minutes à pied. Galamment il me fait signe de le suivre et je lui emboîte le pas toute excitée.

Une fois au Blue, je plante Milo et me met à courir comme une dératée vers la pièce dans le fond du bar. Je l'entend rire derrière moi. Je continue à cavaler un sourire aux lèvres et je me jette littéralement sur la poignée de la porte que j'ouvre brusquement avant de la refermer tout aussi brusquement.

Je le vois. En chair et en os. Superbe, sexy, à tomber... Une fraction de seconde, nos regards se vissent l'un à l'autre avant que tout n'explose entre nous.
Je m'élance, il s'élance, je me jette sur lui, ses mains empoignant mes hanches. Mes bras s'enroulent autour de son cou.
Nos bouches s'écrasent l'une contre l'autre, ouvertes, nos langues se cherchant avidement.
Je gémis contre ses lèvres chaudes et douces.

- Oh, bon sang, tu me manquais trop ! dit-il d'une voix rauque.
- Je n'arrive pas à croire que tu sois là...

Chapitre 15

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