Nikita

Je me réveil doucement, mes yeux papillonnent et je crois voir le visage de ma mère au-dessus du mien.
-« Maman ? »
-« Ne me refais plus jamais une peur pareille, quand Ashley m’a téléphoné, j’ai cru que j’allais faire une crise cardiaque. »
Oui, c’est bien ma mère, je manque de me faire tuer et elle, elle m’engueule !
-« J’ai pas trop décidé de me faire tabasser ce matin, maman. »
-« Tu n’as pas trop mal ? »
-« C’est supportable… Où sont les autres ? » interrogé-je.
-« Ashley est partie déclarer l’agression à ton assurance et s’occuper de tes autres papiers et ton… voisin devait aller au commissariat pour témoigner. Ashley m’a dit de t’embrasser et qu’elle reviendrait demain et Alex a dit qu’il te tiendrait au courant. »

Je suis tentée de demander si c’était tout ce qu’il avait dit, mais m’abstiens de tout commentaire. A quoi joue-t-il ? Pourquoi n’a-t-il pas mentionné que nous étions ensemble ?
A-t-il honte ? Peur de la réaction de ma mère ? A moins qu’il ne préfère en parler avec moi avant ?

Vu qu’il n’a rien dit, je n’ai rien dit sur notre relation naissante moi non plus. J’ai un doute affreux, et si en fin de compte, je n’étais qu’un plan cul de plus dans sa longue liste ?
Ma mère part en m’embrassant et en me souhaitant une bonne nuit. Elle reviendra demain matin, elle va s’installer dans mon appartement, le temps que je me remette.

Le lendemain, je me sens beaucoup mieux, du moins psychologiquement, car physiquement j’ai l’impression d’être passée sous un bus. Le médecin est passé pour sa visite et m’a annoncé que tout allait bien.
Des coups résonnent à la porte, qui s’ouvre sur Alex.
-« Comment va ma princesse ? »

-« Très bien, cher voisin. » dis-je ironique.
J’insiste sur le dernier mot pour lui montrer mon mécontentement.
-« Le médecin m’a dit qu’il te trouvait en pleine forme… »
Il s’approche de moi et m’embrasse sur… le front ? C’est une plaisanterie, là ?

-« Bon, je commence par la bonne ou la mauvaise nouvelle ? » déclare-t-il en souriant.
Je ne sais par quelle force je me retient de le taper.
-« La mauvaise, j’en suis plus à ça près. » dis-je m’attendant à ce qu’il m’explique que nous nous étions bien amusés et que tout était terminé à présent.
-« Ton agresseur est toujours en liberté. Mais j’ai dressé un portrait robot avec la police et un avis de recherche a été lancé. »
-« Génial ! » dis-je d’un ton froid.
-« Qu’est-ce que tu as ? »
-« Je viens de me faire agresser, Alex ! »

-« Oui, bien sûr… excuse-moi… Tu as besoin de quelque chose ? »
-« Non, c’est bon. »
-« Ah tiens, ton sac à main, comme ça tu auras ton portable. »
-« Merci. »

La porte s’ouvre sur ma mère accompagnée d’Ashley. Alex les salue et déclare :
-« Bon eh ben je vais vous laisser, je repasserai dans la journée si tu veux, Niki, Ok ? »
-« Ne te sens surtout pas obligé ! » répondis-je piquante.
-« Alex, il ne faut pas que je vous fasse partir. » coupe ma mère.
-« Pas du tout, j’ai des choses à faire pour mon club. »
Ben, tiens donc il se rappelle qu’il a un club ! Hier matin, il était moins dans son rôle de patron !
-« Bon, eh ben à tout à l’heure Niki. » déclare-t-il en m’embrassant sur la… joue ?
-« Oui, c’est ça ! » grogné-je.
La porte se referme sur lui et Ashley me questionne :
-« Vous êtes fâchés ? »

-« Pas du tout, tu vois bien que c’est une amitié florissante. »
-« Eh ça va ! Ne m’agresse pas ! J’y suis pour rien moi, si votre amitié est éclatante. T’étais bien plus marrante hier quand t'étais en plein délire, qu’est-ce qu’on a ri ! » raille Ashley.
-« C’est bon, pas la peine d’en remettre une couche. » marmonné-je.
-« Ma chérie, tu devrais être un peu plus sympathique avec ce beau jeune homme, il s’est beaucoup inquiété pour toi. » m’accuse ma mère.
Nan mais je rêve là ! C’est lui qui se la joue distant et c’est moi qui suis pas sympa !

-« Bon, ma chérie, le médecin nous a affirmé que tu allais bien alors passons aux choses sérieuses. »
-« Oui ? »
-« A qui as-tu fait du mal au point qu’on veuille te tuer ? » me balance ma mère.
J’écarquille les yeux devant l’énormité de ce qu’elle vient de me dire, n’importe quoi ! Qui aurait envie de me tuer ?
-« Niki, c’est une tentative d’homicide. Si Alex n’était pas intervenu… » me dit Ashley, soudain très sérieuse.
-« Mais c’est n’importe quoi ! J’ai fait de mal à personne. »
-« Qu’est-ce que tu veux que ce soit alors ? » questionne ma mère.

-« Et ben, j’en sais rien, un abruti de délinquant qui a voulu jouer le rôle du méchant dans le dernier film qu’il a regardé ! »
-« Mais bien sûr. » dit Ashley.
-« Ben oui ! Et manque de bol, il s’est entraîné sur moi, je ne vois pas d’autre explication. »

Alexey

Et si le coup monté fugue à Las Vegas était lié à cette agression ?
Je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement, évidemment j’en ai parlé aux policiers qui suivent cette piste à présent. Le problème c’est de savoir si ce type est de mèche avec la mystérieuse femme, et surtout, de savoir pour quelles raisons ils en ont après Niki.
Je tourne depuis hier toutes les hypothèses possibles dans ma tête et je n’y trouve aucun résultat. Putain, qu’est-ce que ça peut être chiant d’être impuissant et de ne pas pouvoir protéger convenablement celle que vous aimez. Je l’aime oui, j’en suis certain à présent. Ce matin lorsque je lui ai rendu visite je me suis retenu de la serrer dans mes bras tellement j’étais heureux de la revoir.

L’horloge de mon téléphone m’indique vingt heure. J’ai essayé de contenir l’envie de retourner auprès de Niki en allant la voir un peu plus tard, et me retrouver en tête à tête avec elle.

Je sais très bien que j’ai pas assuré du tout avec sa mère, mais franchement je me voyais très mal lui expliquer que je couche avec sa fille et que je suis complètement fou d’elle.
Je serais passé pour un queutard à ses yeux. Ce que j’avais été jusqu’à présent, soit dit en passant. C’est pas simple de faire bonne impression avec un passé comme le mien surtout si je veux m’efforcer de devenir le mec idéal.

J’ai fait des cauchemars toute la nuit. J’ai pas arrêté de me repasser la scène de l’agression.
Elle s’était évanouie pendant que je me baissais vers elle. Je lui avais tenu la main le temps que les secours arrivent, le coeur serré et paralysé par la peur.
A présent qu’elle est hors de danger, je me sens mieux. Le souci c’est que sa mère est là et que je suis complètement paumé dans mes sentiments et mon ressenti.

J’arrive devant la porte de la chambre de Niki et frappe doucement, elle est seule… Bien… Très bien… elle dort. Je m’approche lentement du lit et lui donne un baiser sur les lèvres, même si je préférerais l’embrasser jusqu’à la rendre folle de désir.
Elle ne se réveille pas, elle tressaille juste un peu en murmurant mon prénom, preuve que même dans ses rêves, il y a une place pour moi.
Je soupire de satisfaction et m’installe à ses côtés sur le lit.

Je la regarde dormir en souriant comme un idiot, de la même façon que j’ai souvent critiqué les mecs qui le faisaient avant moi.
Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Je ne reproduirai pas la même erreur deux fois, le destin n’a pas mis Niki sur ma route par hasard. Est-elle ma rédemption pour les fautes que j’ai commises ?

Une chose est sûre, elle est celle que j’espérais, celle avec qui je prévoyais un avenir, celle qui m’a redonné goût à l’amour. Tout ça peut sembler débile, mais je me rends compte que j’ai besoin de lui dire ce que je ressens avec mes mots.
-« J’ai cru que ma vision de la vie était la bonne, mais je me suis gouré sur toute la ligne, la vraie vie, ma vraie vie, c’est toi. » lui chuchoté-je.
Elle me répond une fois de plus en soupirant mon prénom.

Nikita

Bonne nouvelle, le médecin m’a autorisée à sortir. Mauvaise nouvelle, ma mère squatte toujours mon appartement et je ne vais pas avoir beaucoup l’occasion de parler avec Alex. J’aimerais quand même savoir ce qu’il attend de nous… Il n’est même pas revenu me voir.
Ma mère arrive et prend mes affaires. Après avoir écouté les conseils du médecin, je prends l’ordonnance qu’il me tend en le remerciant. Je peux enfin rentrer chez moi.

En arrivant dans mon appartement, qu’elle n’est pas ma surprise de voir mes amis tous réunis. J’ai les larmes aux yeux et me mets à pleurer pour toute cette attention à mon égard, c’est vraiment touchant.
Ashley est présente, ainsi que Ricci et Alex. Je vois aussi Barbara, Tyler et Kelly. Je les remercie tous d’être là.
-« Tu nous as fait une sacrée peur. » me déclare Barbara.
-« Il faut dire que tout a été si vite… » répondis-je.
-« Effectivement, mais le principal c’est que tu ailles bien. » renchérit-elle.
-« On savait tous que tu allais t’en sortir ! » déclare Kelly.
-« Ouais, t’es une battante Niki ! » ajoute Tyler.
-« Bienvenue chez toi. » me dit Alex en me serrant dans ses bras.
-« Moi aussi, je vous adore tous. » pleurniché-je comme une enfant.
-« Bon, eh bien il est temps de passer à table, Barbara nous a concocté de bons petits plats ! » déclare ma mère.

Nous mangeons et buvons jusqu’en fin d’après-midi, je me sens réellement bien, entourée de ma famille et mes amis. Seule ombre au tableau, Alex me parle avec une amitié stressante.
Je croise de temps en temps son regard et essaye de l’accrocher. Mais il se dérobe à chaque fois, si bien qu’en cette fin d’après-midi, je me sens frustrée.
Tout le monde parle dans un brouhaha qui me donne mal à la tête, je continue de répondre avec le sourire aux blagues qui fusent, n’écoutant que d’une oreille distraite les commentaires de tous.
En vérité j’ai le coeur en miette et je me sens vraiment mal à l’aise. C’est Barbara qui vient à mon secours.
-« Ma belle, tu es toute pâle. Tu te sens bien ? »
-« J’avoue que je commence à être fatiguée et la douleur se réveille. »
-« Tu es restée avec nous trop longtemps, je le savais, c’était pas une bonne idée. » me dit Alex.
-« N’importe quoi, c’était génial ! Merci à tous d’avoir pensé à moi et d’avoir organisé cette petite fête de retour, vraiment merci de tout coeur, mais je crois qu’il est grand temps que je me repose. »

Les invités me saluent, me souhaitant une fois de plus un bon rétablissement. Mon voisin ami et amant s’apprête à me lever de ma chaise. Ce qui en d’autres circonstances m’aurait totalement émoustillée mais, étant donné son indifférence, son geste me gonfle plus qu’autre chose.
-« Tu fais quoi là ? » le questionné-je d’une voix dure.
Il reste dans sa position à demi accroupie en me fixant quelque peu ahuri. Bien fait !
-« Je voulais simplement te porter pour que tu ne te fatigues pas. »
-« Alex, mes jambes marchent très bien. »
Je me lève donc et salue tout le monde, les remerciant sincèrement une fois de plus puis je me dirige vers ma chambre.

Une fois en pyjama, je m’écroule sur mon lit et m’endors immédiatement.

Alexey

-« Merci, Alex, pour cette petite fête improvisée en l’honneur de ma fille, vous êtes très sympathique. Je tenais à m’excuser pour le comportement quelque peu déroutant qu’elle a eu à votre égard. »
-« C’est rien, elle a besoin de se reposer, l’agression est encore récente. » répondis-je à madame Steal.
-« C’est tout de même étrange. Ce n’est pas du tout le genre de Niki de parler ainsi, peut-être le contrecoup dû au choc à la tête… » hasarde-t-elle.
-« Oui ça doit être ça. » dis-je.
Du moins, je l’espère, car sa réaction m’a vraiment fait mal.

-« Elle va vite se remettre, ne vous inquiétez pas, quelques jours de repos à se faire dorloter et on retrouvera une Niki pleine d’enthousiasme ! » affirme Ashley.
-« J’espère sincèrement. » dis-je tout en jetant les verres plastique usagés.
-« Je suis passée au commissariat tout à l’heure. Ils recherchent activement l’agresseur et aussi cette femme. La lycéenne concernée devrait aller se présenter pour parfaire le portrait-robot… » déclare la mère de Niki.
-« Oui, c’est moi, punaise ça fout les chocottes, dire que j’étais peut être avec une meurtrière, brr. » dis Kelly.
Tyler s’approche d’elle et passe son bras autour de son épaule.
-« Je t’accompagne, si tu veux. »
-« C’est sympa, Ty, merci… »
-« Pas de souci. » répond-il en la serrant plus fort.

Ah l’amour ! Je les laisse continuer leur conversation et emmène les sacs-poubelle remplis, la mère de Niki me suit et m’interpelle :
-« Dites-moi, Alex, il me semble que vous soyez très proche de ma fille. Je pense même que vous êtes plus que des voisins, et également plus que des amis. Je me trompe ? »
Bon eh ben voilà, on y est. Elle est aussi intelligente que sa fille ! J’étais persuadé d’avoir joué au mieux l’ami voisin sympa. Apparemment, je me débrouille mieux pour les photos que pour jouer la comédie.
Je me tourne vers elle, l’air pas très sûr de moi.
-« Madame, je peux vous affirmer que j’aime énormément Niki. »
-« Je n’émets aucun doute sur cette déclaration, simplement je sais de source sûre que vous êtes un don Juan. »

Je serre les mâchoires, je sais pertinemment qui est sa source. Cette conne d’Anouk !
-« J’ai été… » dis-je néanmoins.
Elle me sonde de son regard, putain je suis mal !
-« Je veux bien vous croire, Alex. Je connais ma fille, sachez que je sais qu’elle vous aime aussi. Vous croyez que je n’ai pas remarqué vos coups d’oeil ? Niki a une vue sur l’amour qui est très fleur bleue, elle ne joue pas sur les terrains marécageux que vous affectionnez habituellement. »
Bon ça c’est fait.
-« Ma fille ne me ressemble en rien si ce n’est physiquement. Bien que son nouveau look m’enchante, elle est la même à l’intérieur et elle reste fragile. J’aimerais simplement savoir si vous êtes capable de l’aimer véritablement et de lui apporter la stabilité émotionnelle qui lui manque ? »
-« Je ferai de mon mieux. Je ne suis peut-être pas un modèle de vertu, mais si je vous dis que Niki compte énormément pour moi, c’est que c’est la stricte vérité. »

-« Très bien, c’est ce que je voulais vous entendre dire. Votre famille habite Los Angeles ? » me demande-t-elle avec un sourire.
-« Je suis né en Russie… mes parents sont décédés lorsque j’étais adolescent. »
-« Oh, je suis désolée, excusez-moi. »
-« Ce n’est rien. Vous ne saviez pas. »
-« Bon et si nous retournions parmi les autres ? »
-« Après vous, madame Steal… »
-« Elisabeth, appelez-moi Elisabeth. »