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Alexey

J’arrive pas à croire qu’elle vient de me plaquer, juste parce que je me suis montré possessif. Normalement les nanas aiment que les mecs affichent leur jalousie, mais pas Nikita apparemment.
Elle m’a fait mal, mais je peux pas lui en vouloir, elle désire autre chose. Ce que je ne suis pas en mesure de lui donner, même si je me pose un tas de questions… 
Très bien, puisque c’est ce qu’elle veux je respecte sa décision, de toute façon j’arriverai à l’oublier.
Dans un mouvement rageur j’envoie mon poing s’écraser sur un lampadaire, bordel, j’aimerai la retenir, lui dire qu’elle a pas le droit. Pourtant, je pars rejoindre Ric et Keiji au club plutôt que de m’écouter véritablement.

 

Je rentre dans le club, Terry est derrière le bar et fait l’inventaire des boissons à racheter, Tyler est assis et boit un coca en sa compagnie.

-« Salut, les gars. »
-« Salut ! » me répondent-ils en choeur.
-« Qu’est-ce que tu fais là ? » demandé-je à notre DJ.
-« T’inquiète, ma mère sait où je suis, j’avais pas le moral, ma copine a disparu. »

 

Je me raidis et le regarde, certain qu’il est en train de parler de la gamine qui a fugué.
-« Tu sais pourquoi elle est partie ? » lui demandé-je.
-« Je crois que c’est ma faute… On s’est un peu disputé tous les deux, rien de bien méchant mais elle m’en voulais à mort… à cause de cette nana qui m’a branché l’autre soir pendant que je mixais… » me répond-il tristement.
-« Aïe, c’est les risques du métier ! T’as pas une petite idée de l’endroit où elle aurait pu aller ? »
-« Non aucune… Elle ne m’a pas vraiment parlé depuis… La seule à qui elle dit tout c’est Nikita. »
-« Tu crois vraiment que Niki aurait pu l’empêcher de se casser ? »
-« Ca se voit que tu connais pas Niki. C’est plus qu’une pionne pour nous, c’est notre voix de la raison. Si elle avait pas été là pour moi, je serais pas où j’en suis actuellement, elle m’a ramené sur le droit chemin, j’étais parti dans un délire à la con quand mon père s’est barré. »

Je reçois un uppercut en plein visage. « ça se voit que tu connais pas Niki ». Cette phrase me laisse dans un état second. Je la connais intimement, je connais la surface, mais pas l’intérieur. Lui… Oui… Ce gamin la connaît mieux que moi.
Je me sens vraiment con, parce qu’il a totalement raison.
Je ne sais rien de Nikita, hormis qu’elle est ma voisine et qu’à mes yeux elle a toujours été une nana effacée. En grattant un peu, j’ai vu que c’est une femme splendide, avec un corps qui me rend dingue où se cache la passion qui l’habite et je la désire intensément pour ça.

 

-« J’ai essayé d’appeler Kelly sur son portable, mais je suis tombé sur sa mère, donc elle est partie sans. J’imagine qu’elle veut pas qu’on la retrouve. Elle est toute seule et il va bientôt faire nuit, et moi je suis là comme un con alors que je devrais la chercher… » termine Tyler, ravagé par le chagrin.
-« Peut-être qu’elle va essayer de te contacter ? » essayé-je.
-« J’espère vraiment qu’elle le fera et surtout qu’elle reviendra saine et sauve… Fait chier, je peux rien faire. »

Je me sens triste face à ce gamin, il est malheureux et j’aurais aimé l’aider.
Je reçois un message sur mon portable. J’ouvre ma messagerie en espérant que ce soit Niki, mais ce n’est que Nadya qui me demande de la rejoindre demain soir chez elle, elle veut parler boulot. Je ne lui réponds pas, elle me gonfle, elle devient un peu trop collante à mon goût.

Nikita

Je retourne au lycée le lendemain matin avec un sentiment de malaise terrible. Je n’ai pas eu de nouvelles d’Alex et je ne lui en ai pas donné non plus, chacun reprend sa petite vie en peu de temps.

Le reste de la journée se passe dans une brume totale et Kelly est toujours introuvable quand le moment arrive de rentrer chez moi. Je ferme mon bureau quand Tyler vient aux nouvelles.
-« T’as des news ? »
-« Non, désolé Tyler, la police ne l’a toujours pas retrouvée. »

 

Je me rends compte à son expression qu’il l’aime profondément et qu’il se fait beaucoup de souci. Il m’accompagne jusqu’à la sortie.
-« Je peux faire le chemin avec toi ? Je dois donner un devis à Keiji de la part de ma mère. » me dit-il.
-« Bien sûr Tyler. »

 

Nous parlons de Kelly tout le long du chemin, il est vraiment amoureux d’elle, sa peine fait mal à voir.

Je déverrouille ma porte d’entrée pendant que Tyler frappe à la porte d’Alex. Je rentre, je n’ai pas envie de le voir, car je sais que je seras encore plus mal. Je pose mes affaires et me dirige vers mon ordinateur que j’allume.
J’écarquille les yeux, Kelly m’a répondu, un soulagement immense m’envahit, elle va bien, je suis surprise de lire la réponse qu’elle m’envoie.

   

    Coucou Niki, ben je suis à l’hôtel où ton amie m’a emmenée. Tu arrives quand ? Le cybercafé est cool mais je commence à trouver le temps long.

 

Je ne comprends rien à ce qu’elle me raconte, quelle amie ? Quel cybercafé ? Je vois qu’elle est en train d’écrire, Dieu merci elle est connectée.

 

    Je croyais que tu devais arriver aujourd’hui. J’ai un peu peur toute seule ici et puis il y a aussi mes parents, tu leur as dit ? Ils devaient être furax.

Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? C’est incompréhensible cette histoire. Je lui réponds :

    Kelly, je n’ai demandé à personne de t’emmener où que ce soit !

 

Non, j’efface, elle va être terrorisée.

 

    Est-ce que cette personne est avec toi ? Appelle-moi.

 

Elle me répond :

 

    Bon non, elle est partie depuis hier soir. Niki, je comprends rien à ce que tu me demandes. Comment tu veux que je t’appelle, j’ai laissé mon portable à la maison comme me l’a demandé ton amie.

 

Et moi donc, bon ok, du calme ! Je lui demande qu’elle trouve un téléphone et qu’elle m’appelle. Quelques minutes plus tard, la sonnerie retentit. Je décroche rapidement.
-« Kelly ? Ca va ? »
-« Ben oui, et toi ? »
-« Où es-tu ? »

-« Ben à l’hôtel ! Niki t’es zarbi, qu’est-ce qui t’arrive ? »
-« Quel hôtel ? »
-« A l’auberge des Mojaves. »
-« C’est où ? »
-« Je sais pas je connais pas Las Vegas ! »
-« Tu es à Las Vegas ? »

 

C’est un cauchemar cette histoire… qui l’a emmenée à Las Vegas ? Et surtout, pourquoi ?
-« Ben oui… Tu me fais peur, Niki… »
-« Ecoute-moi Kelly, donne-moi le numéro de ta chambre d’hôtel. Ensuite, tu attends sagement dans ta chambre jusqu’à ce que la police vienne te chercher, tu m’as comprise ? »
-« Euh la 34… Mais qu’est-ce qui ce passe ? »
-« Ma puce, quand on aura raccroché, tu t’enfermes dans ta chambre jusqu’à l’arrivée des policiers, d’accord ? » lui conseillé-je en notant les informations qu’elle vient de me donner.
-« Pourquoi la police ? »
-« Ils vont arriver plus vite que tes parents. »
-« Mes parents ? La police ? Niki non ! Ils vont me tuer ! Explique-moi, bordel ! Si les flics viennent, je me casse ! »

Je ne sais plus quoi lui dire. La vérité ? Apparemment, on lui a raconté des mensonges dans le but de l’éloigner. Mais de quoi ? Et surtout, pourquoi c’est sur mon dos qu’on a collé cette fugue déguisée ?
-« J’arrive ! Tu pars du cybercafé où tu te trouves et tu vas t’enfermer dans ta chambre et tu n’ouvres à personne à part moi, compris ? » ordonné-je en priant pour que ma décision soit la bonne.
-« D’accord, tu seras là dans combien de temps ? »
-« Cinq heures. »

 

Dès que je raccroche, je file vers la porte d’Alex et entre sans frapper. Trois paires d’yeux me regardent ahuries.
-« Je sais où est Kelly ! » m’écrié-je.

 

Je leur explique ce qu’il en est, et ma décision de partir directement chercher notre fausse fugueuse.
Alex s’interpose aussitôt.
-« Attends, c’est n’importe quoi, tu vas pas aller à Las Vegas maintenant ! »
-« Et je dois faire quoi à ton avis, la laisser là-bas, toute seule ? »
-« Préviens la police, ils iront la chercher, c’est leur boulot ! »

-« Elle m’a dit qu’elle s’enfuirait si je les envoie. Non, je vais y aller, c’est la meilleure solution, elle n’a que dix-sept ans et puis de toute façon ma décision est prise, tu pourras ramener Tyler chez lui ? »
-« Je viens ! » déclare ce dernier.
-« Ah non, tu vas pas t’y mettre toi aussi, tu rentres chez ta mère ! Keiji, tu peux t’en charger ? Bon, eh ben allez, direction Las Vegas ! » déclare Alex.
-« Quoi ? Je t’ai pas demandé de m’accompagner ! » m’exclamé-je.
-« Si tu crois que tu vas y aller toute seule, ma belle, c’est que tu es encore plus folle que je ne le pense. » ajoute-t-il en m’empoignant le bras.

Je le regarde à mon tour, éberluée, et m’apprête à riposter, mais je n’ai pas d’autre choix que de le suivre, car il me traîne de force derrière lui. Il n’a toujours rien compris de notre conversation.

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