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Alexey

Dès que la porte se ferme, j’attrape son portable et fais sonner le mien, voilà, j’ai enfin son numéro. J’efface rapidement mon appel manqué et remets le téléphone à sa place.
Ricci ne se joindra pas à nous, pour Keiji par contre c’est pas sûr du tout mais, peu importe, le principal c’est que je passe ma soirée avec elle.

 

Notre petite discussion de tout à l’heure m’a fait beaucoup de bien, je me suis livré à elle sans détour, chose impossible jusqu’à maintenant avec mes coups d’un soir. Preuve qu’elle n’est définitivement pas comme les autres.
Seulement trois personnes connaissent mon passé : Ricci, Keiji et Olga, mon agent. Cette dernière m’a fait comprendre bien vite que dans le métier, mieux vaut ne pas trop s’attarder sur certains épisodes embarrassants de nos vies, une carrière peut être fragilisée pour moins que ça et jusqu’à aujourd’hui, je l’avais toujours écoutée…

La façon dont Nikita a essayé de me rassurer en me caressant le visage m’a fait craquer, elle a fait preuve d’empathie à mon égard, ce que peu de gens ont fait jusqu’à maintenant. Je l’ai sentie si triste pour moi, qu’elle aurait pu me demander n’importe quoi, je l’aurais fait immédiatement. C’est un peu du grand délire, mais j’ai vraiment envie de changer mes habitudes avec elle, et ça représente beaucoup pour moi.

Je me rends bien compte que toutes les femmes que j’ai draguées et séduites ces dernières années n’avaient pas le dixième de la prévenance de Niki. Ces nanas préféraient les flashs et les paillettes de la vie de VIP plutôt que de montrer un peu de compassion, d’ailleurs c’était tout ce qui m’importait jusqu’à présent…
J’ai toujours été persuadé que collectionner les aventures d’un soir était la meilleure des solutions pour moi, Niki me démontre à chaque instant que j’aspire à autre chose.

 

Elle revient, apparemment Keiji ne sera pas des nôtres.
-« Bon ben, on sera que nous deux finalement, Ric a un rencard et Keiji préfère aller au club. Il travaille sur mon idée de soirée repas, c’est trop cool ! Pourquoi tu me l’a pas dit ? »
-« Ma belle, depuis hier soir j’ai des tonnes d'idées te concernant, mais je t’assure qu’elles n’ont rien à voir avec le club. Quoique je regarde plus mon canapé, mon bureau ou le mur de la même façon maintenant ! » lui dis-je avec mon sourire séducteur.
-« Rooh je te parlais du fait qu’il a retenu mon idée ! » me dit-elle faussement en colère.
Je la prends dans mes bras.

-« Keiji m’a demandé que j’appelle Barbara pour mettre cette idée en pratique, il t’en a parlé ? » m’interroge-t-elle.
-« Vaguement oui, je pense que ça lui permet de joindre l’utile à l’agréable. »
-« Comment ça ? » me demande-t-elle suspicieuse.
-« Eh ben, disons que ton amie le laisse pas indifférent… »
-« Ouh là, à mon avis, il devrait chercher ailleurs, Barbara n’est pas du tout dans l’optique plan d’un soir. Elle est pire que moi d’ailleurs. »
-« Pire que toi ? Ah oui, effectivement pauvre Keiji ! » dis-je en me moquant.

 

Je reçois une tape sur l’épaule et un regard désapprobateur, mais rieur.
-« Une petite salade composée, ça t’ira pour ce soir ? » me propose-t-elle.
-« Génial. Tu veux que je t’aide ? »
-« Tu sais cuisiner ? »
-« Evidemment ! Tu oublies que je suis célibataire et que je dois me débrouiller seul, la plupart du temps. » m’exclamé-je faussement contrarié.
-« Oui, sauf pour le ménage. »

Apparemment, Anouk l’a mise au courant de notre petit arrangement.
-« Tu veux que je lui dise de plus venir ? » proposé-je.
Elle me regarde comme si un troisième oeil avait poussé sur mon front.
-« Tu ferais ça ? »
-« Si ça peut te faire plaisir oui, je le ferais… »
Elle est ravie, mais me tient un autre discours :
-« Non, j’ai pas l’habitude de diriger la vie de mes amis. »

 

J’aime sa réponse, car j’apprends que c’est pas une femme qui sera intrusive dans ma vie, mais le mot ami me déçoit quand même un peu. J’aurais préféré qu’elle dise mon petit ami, mon amant ou mon mec. Je sais qu’il est encore trop tôt. 
Elle se dirige vers le frigo pour en sortir la laitue, quelques tomates, de la mozza et des tranches de jambon cru. Nous entamons les préparatifs comme un couple normal, j’aime cette sensation, je crois que j’adore toutes ces nouveautés car ce sont les siennes…

Notre salade est prête, Niki prépare la sauce dans le saladier, elle trempe son doigt dedans et le goûte. Ce geste me trouble, j’ai envie d’elle, là, maintenant dans la cuisine, sur le canapé, partout où je pourrais la faire crier de plaisir.
La boule de poils qui lui sert de chat, malheureusement pour moi, vient se frotter contre mes jambes. J’essaye de faire comme s’il n’était pas là et continue de la regarder.

Nikita

-« Tu peux prendre les verres dans le placard, s’il te plaît ? Juste ici »
-« Pas de problème, beauté. » murmure-t-il de sa voix rauque qui me fait frissonner de la tête aux pieds.
J’inspire… j’expire… Il sourit, le bougre. Je me retourne et sens ses yeux sur ma nuque, j’essaye de pas y prêter attention en sortant les assiettes et les couverts.

 

Nous nous mettons à table, je sors une bouteille de vin blanc et lui tends avec le tire-bouchon.
-« Bien joué ! » me dit-il en regardant la bouteille et en la débouchant tel un véritable sommelier. « Mais tu as oublié quelque chose. »
Je le questionne du regard sans comprendre.
-« Les chandeliers ! »

Je lève les yeux au ciel et me dirige vers la chambre et reviens avec le vieux chandelier de ma grand-mère. Je le place sur le comptoir et l’allume.

-« Monsieur est servi ! » déclaré-je en souriant.
-« Je t’adore. » murmure-t-il.
Je suis troublée par ces deux mots. Ce dîner aux chandelles est un peu comique, car ma tenue est carrément pas appropriée, mais je m’en fou.

 

Une fois le repas terminé, nous nous installons sur le canapé devant la télé, il se met à me caresser les cheveux et je me sens merveilleusement bien.
C’est étrange, cette impression d’être à ma place. Je me rends compte que ça fait très longtemps que je ne l’ai plus ressentie. Il faut dire que mon dernier petit ami, Sven, ne faisait pas dans la douceur. Au début notre histoire était magique, il m’a fait ressentir des choses incroyables… mais très vite ça a tourné au cauchemar. Il a commencé à être de plus en plus dur avec moi verbalement puis voyant qu’il n’arrivait pas à me brimer il a commencé à être violent. Au début il me poussait ou me tirait les cheveux, puis la première gifle est arrivée et s’en est suivit les coups et ma vie est devenu un enfer.
Grâce à mon amie Ashley, j’ai réussi à m’en sortir et surtout à extraire Sven de ma vie.

Ca faisait donc plus de six mois que personne ne m’avait touché, ou plutôt que je n’avais laissé personne me toucher…
Je me demande pourquoi Alex me veut, je suis loin d’être le genre de bimbo qu’il séduit habituellement. Je suis beaucoup trop compliquée pour lui et mon esprit est dominé par la méfiance aussi…

 

Lorsque le film se termine, je me retourne vers lui, il dort comme un bébé, je le laisse et le recouvre d’une couverture en déposant un baiser sur son front avant de rejoindre mon lit.

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