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Alexey

Non, mais qu’est-ce qu’elle croit ? Que parce qu’elle a décidé de mettre un terme à notre liaison, j’allais la laisser faire n’importe quoi ?
Je ne l’ai pas laissée objecter quoi que ce soit et je l’ai conduite directement dans ma voiture. Nous venons de quitter la ville et je me tourne enfin vers elle.
Je suis heureux de la revoir à mes côtés, elle m’a beaucoup manqué ces dernières heures, je dois bien l’admettre. La reprise de nos vies distinctes s’avère plus difficile que je m’y attendais. Pour l’instant, je préfère ne pas y penser, trop occupé à réfléchir à son histoire abracadabrante.

-« Donc, si je comprends bien, une femme que tu ne connais pas se serait fait passer pour une amie à toi et aurait emmené cette gamine à Las Vegas ? »
-« Oui, c’est ça, à ce que j’ai compris elle aurait dit à Kelly que je lui avais donné ces directives débiles. C’est du grand n’importe quoi, pour quelle raison j’aurais fait ça ? J’y comprends rien. »
-« Bon écoute, le plus important c’est de retrouver cette gamine, dés qu’on arrive on appel la     police ! »

 

Elle me regarde comme si elle me voyait pour la première fois et mon coeur fait un bond dans ma poitrine, elle se sent réconfortée et ça me fait un bien fou.
-« Oui… D’accord. Sur place, elle ne pourra pas s’enfuir. » me répond-elle.
-« Niki, à propos de nous… »
-« Alex, tu crois vraiment que c’est le moment d’en reparler ? »
-« Il nous reste bien quatre heures de route, il me semble qu’on a le temps et puis je sais que tu ne pourras pas t’enfuir, à moins de sauter de la voiture en marche, donc oui c’est le bon moment ! »
-« Je sais pas ce qui m’arrive, cette relation me fait peur, tu as besoin de liberté, Alex, ta vie est comme ça. Elle est si différente de la mienne, tu as un équilibre qui te convient et j’ai pas à t’imposer le mien, ça serait pas juste. Ca serait trop égoïste de ma part surtout que c’est pas ce que tu veux… » m’avoue-t-elle en fixant la route.

J’ai entendu ce qu’elle m’a dit, j’ai réellement écouté et elle n’a parlé que de ce que moi je veux, sans mentionner une seule fois ce qu’elle attend. La dernière personne qui a agi ainsi pour moi est morte et fait partie de mon passé.
-« Et toi ? » lui dis-je.
-« Quoi, moi ? »
-« Tu me parles de mes attentes, mais les tiennes ? »
-« J’en ai pas ! J’attends rien de toi ! » s’énerve-t-elle.

 

Je fais une moue moqueuse, qui croit-elle tromper ?
-« Et en plus, t’as même pas la franchise de le dire. »
-« Quoi ? Tu oses me dire que je suis pas franche alors que j’ai essayé de t’expliquer le problème le plus simplement du monde. C’est complètement absurde ! »
-« Si tu le dis. » dis-je dubitatif.

 

Elle me lance un regard meurtrier et je suis satisfait de ma réplique.
-« Vas-y, puisque tu as l’air de savoir ce que je pense réellement, dis-moi ? » me lance-t-elle.
-« Je crois que tu te caches derrière ta peur parce que tu as besoin d’être aimée, mais comme tu es trop fière pour l’accepter, eh ben, tu mets ça sur mon dos, pour mieux te déculpabiliser. La vérité c’est que tu as peur d’accepter ce que tu ressens réellement. Sur ce point, on est d’accord au moins. »
-« J’ai jamais dis que… oh et puis merde, pense ce que tu veux, je m’en tape ! »
-« T’as aimé quand je t’ai embrassée ! » affirmé-je.
Elle se raidit.
-« T’as aimé mes caresses ! » continué-je.
Elle respire plus fort.
-« T’as aimé quand je t’ai fait jouir ! » soufflé-je d’un ton rauque.

Elle laisse échapper un petit gémissement offusqué.
-« T’as aimé t’exciter contre moi ! »
-« Arrête ! » s’alarme-t-elle.
-« Pourquoi ? Ose dire que ce que je dis est faux. » m’amusé-je.
-« Tu as aimé aussi, il me semble ! » se défend-elle.
-« J’ai jamais dit le contraire ! »

 

Elle ne peut rien répondre, je reprends donc sur ma lancée :
-« Moi, j’ai adoré chaque instant, ils m’ont fait vibrer comme jamais avant. Je vais pas te mentir en te jurant un amour éternel. D’ailleurs, je sais que tu n’en es pas capable toi non plus. Ce que je peux te promettre, c’est que j’aime ce qu’on a, cette nouvelle amitié autant que nos rapprochements physiques ce qui, je te l’accorde me pousse à devenir possessif avec toi. Ces moments m’appartiennent et je veux pas que tu les partages avec un autre. »
-« C’est pas du tout pareil. C’est pas moi… » souffle-t-elle d’une voix blanche.
-« Non, c’est ce que tu ne veux pas être, nuance ! Après, je te respecte trop pour refuser ce que tu me demandes. Tu veux juste une amitié ? Qu’il en soit ainsi. Mais je reste persuadé que ta manière de te protéger est un mensonge qui t’arrange. Ne dis surtout pas que c’est pour mon bien ni pour le tien. »

Je lui lance un regard de côté et repose les yeux sur la ligne droite de la route, signifiant ainsi que le sujet est clos en ce qui me concerne. Elle se tait et semble réfléchir à mes paroles. J’ai espoir qu’elles se feront un chemin objectif dans les méandres de son cerveau têtu. 
Je suis sûr d’une chose, nos vies ont été chamboulées et ne pourront jamais redevenir ce qu’elles ont été.

Nikita

J’essaye de ne pas trop paraître affectée par ce qu’Alex m’a dit. Du moins en surface, car à l’intérieur je suis remplie de questions. Est-ce que je suis ce genre de femme, qui ne sait pas ce qu’elle veut ?
Je me cache derrière les gens, mon travail et mes horaires pour ne pas prendre conscience des peurs que j’ose pas combattre ?

 

Nous arrivons à Vegas vers 1h du matin, je ressens à peine la fatigue tellement je suis préoccupée par Kelly et toute cette histoire dans laquelle je suis mêlée malgré moi.
Alex est absorbé par sa conduite, je me doute que lui au contraire doit être crevé, j’en reviens toujours pas qu’il m’ait accompagnée.
Ce qui me prouve que je compte pour lui, mais est-ce que je peux reprendre espoir pour autant ?

L’arrivée à l’hôtel se fait dans la plus grande discrétion, j’explique la situation à l’accueil, qui nous dirige à la chambre de Kelly. Mon soulagement est intense quand je vois son visage endormi, elle prend ses affaires et nous partons directement en bas. Alex appelle le commissariat pendant que je console Kelly, visiblement morte de peur et épuisée.

 

-« Ne t’inquiète pas, tout le monde sera trop heureux de te voir de toute façon, il faut en passer par là, il y a eu enlèvement prémédité, tes parents ont déclarés ta disparition, on est obligés d’appeler la police. » dis-je pour la rassurer.
-« Elle m’a dit que tu viendrais me rejoindre avec Tyler et qu’on passerait deux jours de folies à Las Vegas, je te jure que je savais pas qu’elle mentait. »
-« Je m’en doute, Kelly… Elle t’a dit que j’étais son amie ? »
-« Oui, que tu était une amie proche et que tu passais par elle pour ne pas avoir des ennuis avec mes parents et la police. »
-« Tu peux nous la décrire, cette femme ? » questionne Alex.
-« Une très belle blonde, très classe, elle a été super sympa. Je l’ai vraiment cru… Elle m’a dit qu’elle s’appelait Lucy. »

-« Tu connais ? » me demande Alex.
-« Pas du tout… Je vois même pas qui ça peut être… » lui répondis-je.

 

La police arrive et ils prennent ma déposition ainsi que celle de Kelly avant de la ramener à ses parents.
Je pars à la recherche d’Alex, je tombe de fatigue. Je le retrouve endormi sur un banc à l’extérieur, je souris et me dis que c’est un mec qui vaut le coup qu’on s’intéresse à lui. Je n’ai pas à avoir peur, je me rends compte de tout ce qu’il a fait pour moi, personne d’autre en aurait fait autant. Je lui caresse les cheveux, il sursaute et se réveille, je ne sais pas trop quoi lui dire et le regarde se lever.

 

-« C’est bon, tu es libre ? » dit-il d’une voix ensommeillée.
J’opine.
-« Niki, ne prends pas mal ma proposition, je te la fais en toute amitié, mais est-ce qu’on devrait pas prendre une chambre ici ? Je me sens pas de reprendre la route et je crois que tu es aussi claquée que moi… »
Je m’esclaffe.
-« Je suis tout à fait d’accord avec toi. » dis-je.
-« Merci, ma belle. »

Nous retournons à la réception et Alex demande deux chambres.
-« Une seule suffira. » déclaré-je à la réceptionniste.
Alex me regarde comme si j’étais devenue une extraterrestre. Je lui lance un sourire séducteur et prends le passe que l’on nous tend, le laissant sans voix.

 

Dès que nous arrivons à notre chambre, j’ouvre la porte et la referme derrière lui. Sans réfléchir, je le pousse contre le mur. Je ne lui laisse pas le temps d’émettre un son et l’embrasse à pleine bouche, ma langue trouve la sienne directement.
-« Qu’est-ce que tu fais ? » me demande-t-il lorsque nos bouches se séparent.
-« Je veux te remercier… » hasardé-je en haussant les épaules, avec un petit air timide.

Il me regarde intensément comme s’il se livrait un combat et lentement il me prends par les épaules tout en caressant ma nuque. Je fonds.
-« Mon coeur, t’as pas à me remercier, je l’ai fait car j’en avais envie et même si je suis tenté, je suis obligé de refuser ta proposition. » me déclare-t-il.
Là, c’est moi qui reste stupéfaite.

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