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Alexey

Je n’ai pas pu attendre qu’elle m’envoie son texto, j’avais envie de la voir donc je suis parti du club plus tôt.
J’ai vu rouge quand le mec l’a retenu et enlacée. J’ai eu peur qu’elle m’échappe, je ne suis pas du genre jaloux et surtout pas avec mes conquêtes généralement. 
Niki regarde droit devant elle, je la sens ailleurs, j’essaye donc de détendre l’atmosphère, mais elle ne répond pas, pire elle me regarde de travers.

 

-« Alors, ta journée ? » insisté-je.
-« Émotionnellement, dingue et énervante. » me répond-elle.
-« Il s’est passé quelque chose dont tu aimerais me parler ? »
-« Non, rien. »
-« Tu étais de meilleure humeur quand on s’est quittés ce matin. » lui déclaré-je.
-« Je n’avais pas encore travailler. »

Bon, à mon avis, c’est plutôt mal parti pour ce qu’elle m’a suggéré ce matin.
-« Est-ce que tu veux aller manger au restaurant ? » demandé-je quand même.
-« Non merci, je suis claquée et je voudrais juste dormir. »
-« Ok. Eh ben on ira se coucher tôt, si tu veux… »
-« Oui, j’aimerais assez. »
-« Pas de soucis ! »
Je l’entends prendre sa respiration.
-« Et, seule si possible. »

 

Bon là, c’est carrément l’iceberg. J’ai échoué comme le Titanic, un vrai naufrage.
Il faut que je sache ce qui ne va pas. Elle est en colère et j’ai le sentiment que ce problème ne vient pas entièrement de moi, je ne vois pas ce que j’ai bien pu faire pour qu’elle m’en veuille autant.

 

Nous arrivons devant notre immeuble et je me tourne vers elle.
-« Bon, tu m’expliques ? »
-« T’expliquer quoi ? »
-« Ce qui me vaut cette humeur massacrante ! » ironisé-je.

Elle soupire, ce qui à mon avis ne présage rien de bon.
-« J’ai eu une journée difficile, comme je te l’ai dit. »
-« Et tu t’en prends souvent aux personnes qui t’entourent ? »
-« Je suis claquée, Alex. » me déclare-t-elle comme si ça suffisait à expliquer son comportement incompréhensible avec moi.
-« Tu crois que je vais m’en contenter ? »
-« Alex… On peut parler de tout ça une autre fois ? Pas maintenant je t’en prie, j’ai vraiment besoin de me reprendre… »
-« Pourquoi attendre si tu as un problème, tu peux m’en parler. » la coupé-je dans son élan.

 

Elle se cache le visage en inspirant, je sens qu’elle va me dire quelque chose que j’ai pas envie d’entendre.
-« Tout va beaucoup trop vite, tout ça, c’est pas moi ! » dit-elle en me regardant cette fois.
-« J’ai du mal à suivre, qu’est-ce que tu veux dire ? »
-« Alex. Ma vie a toujours été réglée comme du papier à musique, j’aime quand tout est organisé, mon métier est important pour moi. Seulement, je me rends compte que ces derniers temps, je suis perturbée et je fais n’importe quoi. »
-« Attends, si je comprends bien, tu es en train de me dire que tu te mets dans un état pareil, juste parce que tu t’es accordé un peu de bon temps ? » demandé-je étonné.
-« Je m’en doutais, voilà pourquoi je ne voulais pas t’en parler, tu ne comprends pas. Remarque c’est normal, ta vie est… tellement désordonnée. »

Je prends une gifle magistrale. Je m’apprête à répondre qu’effectivement ma vie est en désordre depuis qu’elle y est entrée comme une tornade, quand elle reprend sa déclaration avant que je ne puisse émettre un son.
-« Je m’étais dit que je pouvais essayer. Etre comme Ashley ou même comme toi, Ric et Keiji, mais je me rends compte que je ne suis pas faite pour cette vie, j’ai besoin de stabilité et de limites et là, je les ai dépassées. »

 

Elle ne plaisante pas, et je comprends qu’elle parle surtout de nous. Je me demande si ça a quelque chose à voir avec le type du lycée, je trouve normal de lui demander franchement.
-« C’est mon baiser de tout à l’heure, c’est ça ? Tu m’en veux parce que je t’ai embrassé devant ce type ? Tu as des sentiments pour lui ? »
-« Ne dis pas n’importe quoi ! Tu agis comme si tu étais jaloux. »
Je crispe ma mâchoire.
-« Alors, explique-moi pour quelles raisons ça te gêne autant ? Si tu avais des vues sur lui, pourquoi tu m’as laissé croire que tu étais intéressée par moi ? » lâché-je essayant de contenir la colère qui m’envahit d’un coup.

Nikita

Je ferme les yeux devant son incompréhension totale, il ramène tout à lui et à ce qu’il ressent. Je me rends compte à quel point nous sommes différents.
C’est pas un fossé qui me sépare de lui, mais un océan d’incompatibilité émotive. Nous deux, c’est une simple attirance physique et sexuelle, du moins de son point de vue. Pour ma part, je reconnais que j’attends beaucoup plus de notre relation naissante.

J’aimais la façon dont nous nous étions rapprochés, l’amitié était bel et bien présente. J’ai apprécié nos moments passés ensemble, cette nuit sensationnelle, mais surtout notre étreinte de ce matin.
Oui, le mal est fait, je reconnais que je me suis déjà trop attachée à lui.
Je comprends ce qu’Ashley a essayé de m’expliquer, mais naïvement, je n’ai vu que ce qui m’arrangeait.

 

-« Ca n’a rien à voir, Alex. J’avoue que ton baiser m’a surprise, surtout quand j’ai compris pourquoi tu me l’avais donné. Essaye de comprendre, si j’essayais de changer ton raisonnement au vu de tes actes, tu le prendrais comment ? » dis-je après un long silence.
Il hausse les sourcils, perplexe.
-« Comment ça ? »
-« Je veux savoir si ta possessivité de tout à l’heure signifie que tu souhaites t’engager de façon sérieuse. »

 

Les traits de son visage se figent et il baisse les yeux sans rien dire, j’ai donc visé juste.
-« Alex, soit je m’engage avec toi dans une relation simple et concrète, soit on s’en tient à une aventure sans lendemain. Ta réaction de tout à l’heure pourrait me faire croire que tu envisages la première et je t’avoue que c’est ce que j’attends. »
Il ne dit rien… Qu’aurait-il pu répondre de toute façon ?

Je continue sur ma lancée :
-« Tu veux que je suive ta façon de voir les choses, tu veux avoir l’exclusivité, tu aimerais que je fasse comme si la vie que j’ai vécue jusqu’à maintenant n’existait plus ? Mais c’est ma vie et elle a toujours fonctionné ainsi. Depuis six ans, mes journées se déroulent méthodiquement et aujourd’hui je me suis rendu compte que ça fait deux semaines que je la mets de côté pour toi. Ca me fait peur et j’en souffre. »
-« T’es en train de me dire que t’as des sentiments pour moi ? » me demande-t-il un frisson dans la voix.
-« Je sais pas ce que je ressens, mais c’est plus qu’un simple désir, tu as pris beaucoup trop d’importance en l’espace de quelques jours. Tellement que je me contrôle plus et toi non plus, d’ailleurs. »
-« C’est pas ce que tu voulais ? »
-« Non, pas de cette façon, Alex. Une des élèves du lycée a fugué, j’ai cru ce matin que c’était sa mère qui m’avait appelée pour excuser son absence et comme j’étais complètement dans l’euphorie de notre relation, eh ben, je me suis rendu compte de rien. »
-« C’est pas de ta faute si cette gamine s’est barrée ! » affirme-t-il.
-« Si, car je l’ai retrouvée en pleurs la semaine dernière, j’ai parlé avec elle, mais je l’ai pas aidée. Je m’en suis souvenue tout à l’heure, quand Elliot m’a annoncé cette nouvelle, elle avait essayé de discuter plusieurs fois avec moi, je n’y ai pas prêté attention, j’étais trop occupée par ce qui m’arrivait avec toi. »

-« Niki… »
-« Non, laisse-moi terminer, je t’en prie. Quand Elliot m’a interpellée pour m’avertir, j’ai compris combien j’avais changé et c’est pas ce que je veux. En peu de temps, je t’ai fait passer avant tout ce qui a toujours compté pour moi. Alors, si tu veux seulement t’amuser, je t’en prie, ne me fais pas croire que je suis importante à tes yeux. »

 

Un éclair traverse ses yeux, il ouvre la bouche pour parler, mais aucun son n’en sort. Je sais qu’il comprend enfin ce que je ressens, il fait preuve d’empathie et je me doute que ce sentiment est nouveau pour lui.
-« T’es en train de me larguer là ? » demande-t-il dans un murmure.
Je vois son désarroi qui fait écho au mien, le bien-être que je ressens à ses côtés va beaucoup me manquer. Mais il faut bien que l’un de nous deux fasse preuve de maturité, quitte à en souffrir.
-« On est devenu amis, c’est déjà bien non ? »
-« On est devenu plus que des amis. » me répond-il avec un sourire sans joie.

 

Mon coeur se serre et une boule d’émotion me monte à la gorge, il faut que je sois forte. La peine que je ressens à cette perspective me permet de me rendre compte que je prends la meilleure décision. Je ne dois pas pleurer, du moins pas maintenant.
-« Et si je te disais que j’ai pas envie que ça s’arrête comme ça ? » dit-il.

-« Je te répondrais que tu es autant paumé que moi et qu’il est préférable que tu réfléchisses à ce que tu veux réellement. »
-« C’est toi que je veux, Niki ! » me soutient-il.
-« Non, tu confonds désir et amour, c’est mon corps que tu veux et le plaisir que tu en retires. Aimer, c’est partager la même vision, c’est protéger l’autre. Jure-moi que si on couche ensemble, je ne souffrirai pas plus tard, que tu resteras à mes côtés, car c’est ce que je souhaite. »
-« Tu sais bien que je peux pas te le promettre. »
-« Justement, je me protège maintenant avant qu’il ne soit trop tard. »

 

Je m’approche de lui, ses yeux m’implorent avec intensité et je dépose mes lèvres sur les siennes pour un baiser tout en douceur.
-« Je préfère rester ton amie plutôt que de te perdre en étant ta maîtresse. »

Sans un mot, je me dirige vers notre immeuble, il reste planter là, je sens son regard peser sur moi, ce n’est qu’une fois la porte d’entrée refermée que je laisse mes larmes couler.
Je monte les escaliers, complètement vidée, je n’ai plus envie de croire à un avenir illusoire.
Lorsque enfin je rentre chez moi, j’éclate en sanglots en m’agenouillant pour laisser libre cours à la peine immense qui me déchire les entrailles.
Merlin vient me rejoindre en miaulant, se demandant ce qu’il m’arrive, je le prends dans mes bras et me relève, je regarde nos tasses toujours sur la table et me dirige vers ma chambre, j’ai l’impression de sentir son parfum alors que je fixe les draps froissés, et mes larmes reprennent de plus belle.

 

Au bout de je ne sais combien de temps, je reviens dans mon salon et appelle Ashley.
-« Allô ? »
-« C’est moi. »
-« Niki ? Ca va ? »
-« J’ai rompu avec Alex. »

-« Tu veux que je vienne ? »
-« Non, ça ira. C’est beaucoup mieux comme ça. Je voulais te prévenir, c’est tout. En plus, j’ai une autre mauvaise nouvelle à t’annoncer, Kelly Valet a fugué. »
-« Merde. »
Je lui raconte tout ce qu’il s’est passé.

 

Quand nous raccrochons, je me dirige vers mon ordinateur et essaye de joindre Kelly par mail, j’espère juste qu’elle me répondra… Même si je n’ai pas été là quand elle en avait besoin.

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