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Chapitre 12

Lexie

  Quand je te ferai l'amour, Lexie, ce sera dans un lit, dans mon lit...
Allongée sous ma couette alors que je viens à peine d'ouvrir les paupières, c'est la première pensée qui jaillit dans mon esprit. Pensée qui a tourné en boucle dans mon cerveau avant que je ne réussisse enfin à m'endormir, la veille.
Surexcitée, heureuse, transportée, je flotte sur un nuage.

 

Ce matin, mon corps frissonne encore au souvenir de la voix de Kaze et du désir brûlant dans ses yeux. J'ai toujours le goût de sa langue sur la mienne et une chaleur inonde le bas de mon ventre.
 Dors bien, babe.
Cet autre souvenir, son texto et ce petit surnom, fait enfler de nouveau mon cœur. D'un mouvement rapide, je me tourne soudain pour saisir mon portable et affiche ces quelques mots. Ce n'est que la centième fois que je les regarde depuis que ce SMS est apparu sur mon écran tactile.

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T'es grave... pensais-je.
Mais je le contemple encore et encore, sentant des milliers d'ailes de papillons battre dans mon ventre. Avec un soupir heureux, je me décide enfin à sortir de mon lit. Une délicieuse odeur de crêpes me chatouille les narines, un appel irrésistible. J'enfile rapidement un bas de jogging sur mon shorty et descend au rez-de-chaussée, de très bonne humeur.

 

Dans les escaliers, les voix de mes parents me parviennent dans un bruit étouffé. Je traverse le hall pour entrer dans la cuisine spacieuse, me demandant stupidement s'ils vont percevoir un changement en moi. J'ai l'impression de flotter dans les airs, un sourire béat greffé sur mes lèvres. A mon entrée, mon père lève les yeux de sa tablette et me sourit sans avoir une attaque. Bon signe !
 

- Salut papa, salut maman ! lancé-je d'une voix animée.
- Bien dormi, ma grande ? demande mon père avec sa bienveillance habituelle.
- Comme un loir.

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Je dépose un smack sur sa joue avant de m'approcher de ma mère pour lui faire également une bise affectueuse.
 

- Bonjour, ma chérie. dit-elle.
- C'est l'odeur des crêpes qui t'as réveillée ? lance mon père avec une lueur espiègle dans ses yeux. Ta mère a parié que tu te lèverais dès qu'elle les commencerait.

Je répond par un gloussement.

 

- Alors, comment s'est passée ta soirée, hier ? embraye ma mère en glissant une crêpe sur mon assiette, avec un sourire.
 

Je me détourne, soudain embarrassée, le regard fixé sur le réfrigérateur que j'ouvre sous prétexte de prendre du jus d'orange.
 

- J'ai été voir une copine à Folly Beach, répond-je, le nez dans le frigo.
 

Je déteste leur mentir. Mais ce n'est qu'un demi-mensonge, j'ai bien été voir quelqu'un à Folly Beach... un copain, pas une copine, tout simplement.
 

- Et au fait, tu as eu un message de Yuri ? enchaîné-je en me retournant, un verre de jus entre mes doigts.

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- Je vais le chercher à l'aéroport, son avion atterrit à quatorze heures, réplique mon père. Tu peux m'accompagner si tu n'as rien de prévu.
- Maman, tu as besoin de moi pour préparer le repas du réveillon ? demandé-je en buvant une gorgée.
- Tout est prêt, ma chérie, j'ai juste la dinde à mettre au four. Tu peux aller chercher Yuri et Elsa avec ton père. Mais mange tes crêpes maintenant avant qu'elles ne refroidissent.

 

Je m'installe à table et prend mon petit déjeuner tout en papotant avec mes parents. Mais Kaze occupe toutes mes pensées.

 

Une heure plus tard, alors que je range ma chambre, un GROS détail vient s'incruster dans ma tête. Chloé Sparks !
Jamais l'agent de celle-ci ou le manager de Kaze n'ont fait un communiqué de presse pour confirmer officiellement leur séparation. Leur soi-disant rupture n'est qu'une rumeur propagée par les médias depuis que Chloé est apparue seule dans différentes soirées. Mon estomac commence peu à peu à se tordre sous l'effet de toutes les idées noires qui attaquent mon esprit.

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Non ! Jamais il ne m'aurait embrassé s'il avait encore été en couple avec Chloé ! N'est-ce pas ? Il n'aurait pas trompé sa nana.
J'ai beau me répéter que Kaze n'est pas ce genre de mec, le doute commence sérieusement à creuser son sillon.
Pourquoi n'ont-ils pas confirmé leur rupture ? Cette question revient sans cesse dans mon esprit.

 

Plus tard, j'accompagne mon père à l'aéroport et nous discutons de mes projets professionnels dans la voiture. La circulation est plus dense en cette période de fêtes et le trajet dure trois bon quarts d'heure. Une fois à destination, mon père se gare sur le parking courte durée. Vingt minutes plus tard, mon frère et sa copine apparaissent devant le terminal d'arrivée. Avec une exclamation de joie, je coure vers lui et il m'accueille dans ses bras. Cela fait un bout de temps que je ne l'ai pas vu, depuis le début de l'été dernier, en fait.
Il me soulève du sol en me faisant un gros câlin, et en mêlant son rire au mien, puis mon père l'attire contre lui avec une tape dans le dos. J'embrasse aussi Elsa en la serrant contre moi et nous montons dans la voiture en discutant gaiement.

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Quand on pénètre dans le hall de la maison, ma mère déboule de la cuisine et accueille Yuri et Elsa avec une exclamation de joie et un grand sourire. 
Les heures suivantes, plongée dans l'ambiance de Noël et entourée de ma famille, une partie de mon tumulte intérieur s'apaise un peu.
Mon frère, qui est un vrai pitre, me fait rire avec son comportement de gamin, inspectant chaque cadeau déposé sous le sapin, les soulevant, les palpant et suppliant ma mère pour les ouvrir avant le repas. Je croise le regard amusé de mon père alors que Yuri la poursuit jusque dans la cuisine. Ensuite, il nous embarque, Elsa, mon père et moi, dans une partie de Monopoly, alors qu'une délicieuse odeur de tarte sortant du four se propage dans la maison.

 

Le réveillon se déroule comme d'habitude, dans la joie et la bonne humeur. Juste avant de passer à table, mon portable vibre tout à coup dans la poche de mon jean. Mon cœur se met à battre à folle allure quand je vois le nom sur l'écran.
La main tremblante, j'affiche le SMS.

 

Kaze : Bon réveillon, ma belle.

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Mes yeux restent fixés sur le message un temps infini avant que mes doigts ne volent sur les touches. Ma poitrine gonfle...
Il pense à moi et il a pris quelques secondes pour m'écrire. Cependant, Chloé Sparks est comme une ombre flottant au-dessus de ma tête.

 

Moi : Bon réveillon à toi aussi, Kaze.

 

Puis, il reste silencieux. Partagée entre des émotions contradictoires, je remet le téléphone dans ma poche.
La soirée défile entre discussions diverses, rires et un savoureux dîner. Yuri, Elsa et moi regardons un film dans le salon avant d'aller se coucher. Quand je m'endors, Kaze se dessine devant moi. Ses prunelles d'un bleu pur, son sourire si craquant... et si sincère.

 

Le lendemain après-midi, alors que je profite des rayons du soleil d'hiver en lisant un livre sur un fauteuil de la terrasse, j'entend mon portable vibrer sur la petite table à côté de moi. Le cœur battant, je le saisis.

 

Kaze : Tu es libre ? Je peux t'appeler ?
Moi : Oui...

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Mon portable vibre de nouveau dans la seconde.

 

- Allô...
- Hey...
- Hey ! lancé-je en essayant de contrôler mon rythme cardiaque.
- Comment se sont passées tes fêtes ? me demande-t-il de sa voix légèrement cassée.
- Bien, mon frère et sa copine sont arrivés hier. On a passé un super moment tous ensemble. Et toi ? enchaîné-je. Comment se sont passées les fêtes ?
- Cole n'a pas supporté que je le batte à plate couture a un de ses jeux vidéo, ni que sa grand-mère me gâte plus que lui !

 

Je ris.
- Mauvais perdant ? Ses fans seraient déçues, plaisanté-je.

 

Il y a un petit silence et une tonne de questions se forment sur mes lèvres. Que je ravale avec difficulté.

- Je suis pressé de te revoir, Lexie. Tu ne sais pas à quel point...
 

Sa voix rauque, ses paroles et le sous-entendu explicite provoquent de violents frissons dans plein d'endroits de mon corps.
Je veux lui répondre mais les mots restent bloqués dans ma gorge alors que l'image de Chloé se dessine dans mon esprit.

 

- Lexie ? entend-je au loin... Lexie.
 

J'ai complètement quitté cette terre depuis une bonne minute.

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- Kaze...
 

C'est tout ce que je réussis à dire !
Il doit percevoir un truc en moi car une tension semble crépiter sur la ligne.

 

- Lexie, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Chloé... lâché-je sans préambule d'une voix sourde. Tu m'as embrassée... c'était merveilleux, Kaze, continué-je, mais il n'y a jamais eu de communiqué confirmant votre rupture...

 

Voilà, c'est dit. Il y a une grosse pause. Une sacrée grosse pause !
Merde.

 

- Et... tu crois que je t'aurais embrassée si je sortais encore avec Chloé ?
 

Ce n'est pas vraiment une question mais plutôt une accusation.
Ah merde !
Je savais que j'aurais dû la boucler.

 

- Non, protesté-je. Je... Je...
Je ne sais plus quoi dire. Le désastre.
- Chloé et moi, c'est fini depuis un bout de temps, répond Kaze avec froideur. Effectivement, il n'y a pas eu de communiqué.
- Je suis désolée ! m'exclamé-je. Je suis désolée, répété-je, la gorge nouée. Je ne voulais pas être indiscrète et je n'ai jamais pensé que tu étais...
Les mots me manque.

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- Un salaud qui trompe sa nana ?
- Je suis désolée...
- C'est pas comme si tu avais cherché à le savoir avant qu'on s'embrasse, coupe-t-il sur un ton de reproche. Et si tu l'avais fait, je t'aurais répondu.

 

Malade d'avoir tout foutu en l'air entre nous, je décide de faire ce que je n'ai jamais fait avant lui. Me mettre à nu.
 

- La première fois que je t'ai vu, Kaze, j'avais seize ans et je t'ai trouvé merveilleux sur scène. Ca m'a marquée pendant longtemps. Puis, quand je t'ai rencontré au Blue et que j'ai pu te parler en personne, ça a été l'un des plus beaux moments de ma vie...
 

Les nerfs à fleur de peau, je fais une légère pause. Kaze se tait dans un silence religieux.
- Quand on s'est revus au Milton, je me suis dit que le destin semblait... me pousser vers toi. Et quand je t'ai retrouvé à Folly Beach, que j'ai entendu ta voix, je n'arrivais pas à croire que tu étais là, de nouveau, en chair et en os. Que j'avais la chance de croiser ta route une troisième fois. Je pensais trouver ton cousin et lui expliquer ma démarche. Au mieux, il me fermerait simplement la porte au nez ; au pire, il me menacerait d'appeler la police pour signaler la présence de l'une de ces groupies obsédées par un membre célèbre de sa famille. Mais non, il n'y a rien eu de tout ça ! Tu étais là et non en Europe. Tu es carrément venu me chercher après ma rencontre avec ton garde du corps, et tu t'es retrouvé... devant moi, sur ce chemin. Ensuite, le plus incroyable ? Tu te souvenais de moi, de mon prénom, de nos rencontres précédentes.

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Je marque une pause. Il y a un silence de plomb à l'autre bout de la ligne.
 

- C'était comme si le destin m'offrait une dernière chance. Alors, quand tu m'as invitée ce jour-là et le lendemain... j'ai foncé, tout simplement. Mais tu as raison, j'aurais pu mettre les choses au clair pour Chloé, surtout sur la plage, quand tu m'as dit que tu voulais me revoir... que tu m'as fait comprendre... que... que je t'intéressais, buté-je légèrement, un peu gênée de dire ça. Je crois que j'avais peur de ta réponse. Même si, au fond de moi, je ne pouvais pas concevoir que tu aurais demandé à me revoir, si tu sortais encore avec elle... Et puis... tu m'as embrassée... Je n'avais jamais ressenti ça pour un garçon, c'était merveilleux, magique... au-delà de tout ce que j'avais bien pu imaginer... Le lendemain, la réalité est venue frapper à ma porte. Je n'arrêtais pas de penser à Chloé, au fait que votre rupture n'avait jamais été confirmée officiellement. Et je ne me sentais pas bien du tout... même si, je te le répète, je savais au fond de moi que
jamais tu ne m'aurais fait ça. Jamais tu ne m'aurais humiliée ainsi, pas plus que Chloé, d'ailleurs ! Je regrette de t'avoir blessé, Kaze. Je préfèrerais me faire du mal, plutôt que de t'en faire...
- Lexie... dit-il de sa voix enrouée.

- Je suis désolée, répété-je. Mais je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi. Je ne parle pas de la rock star qui a vendu des millions d'albums dans le monde entier, bien que, je ne vais pas te mentir, j'ai beaucoup d'admiration pour ta carrière et que je te trouve intéressant, craquant et sexy. Je parle du garçon qui a le pouvoir de me toucher autant. Toi, tout simplement, Kaze. Le garçon qui aime Police, Queen et les Guns. Le garçon qui m'a promis de me jouer quelques morceaux de leur répertoire. Le garçon qui aime la science-fiction et boire son café noir, sans sucre, qui aime également se moquer de mon ancienne obsession d'ado pour la série Twilight... et... ça me rend maladroite...
 

Je m'arrête, essoufflée et le ventre complètement noué. Un silence assourdissant s'étire entre nous tel un ressort menaçant de se briser violemment.

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Je me sens soudain si vulnérable que j'ouvre de nouveau la bouche, la gorge serrée.
- Si tu ne veux plus...
- Il n'en est pas question, me coupe-t-il.

 

Le cœur battant à une allure alarmante, je ne dis rien. Je l'entend inspirer profondément, plusieurs fois, difficilement, comme si mon discours l'avait percuté, remué ou bouleversé.
 

- C'est moi qui suis désolé, lance-t-il tout à coup.
 

Mon cœur stoppe net... avant de repartir à un rythme étourdissant.
- Je l'ai mal pris et c'était stupide. Je comprends les questions que tu as pu te poser. En plus, vu de l'extérieur, ce n'est pas un milieu évident pour quelqu'un qui n'en fait pas partie. Et puis... comme je te l'ai dit aussi... je ne suis pas... toujours facile...
- Ca ne me fait pas peur ! m'exclamé-je.
- Je ne veux pas te décevoir, Lexie, ou te faire du mal... J'ai déjà déçu tant de personnes, cette année...
- Je veux te revoir, Kaze... Je veux mieux te connaître...
- Je rentre dans deux jours, lâche-t-il soudain.
- OK, répond-je dans l'attente de la suite.
- Tu peux venir ? Je serai là en fin d'après-midi, vers six heures.
- Je serai là.
- Tu me trouves vraiment sexy ? demande-t-il d'un ton amusé.
- C'est la seule chose que tu as retenu ? grogné-je, rouge comme une pivoine.

 

Mais un sourire se dessine sur mes lèvres. Quand il rit comme ça je sais qu'on est OK. Plus que OK.

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- Six heures ?
- Six heures, répété-je dans un souffle.

 

Autre petit silence.
- Lexie ?
- Oui ?
- Je suis pressé de te revoir, tu ne sais pas à quel point !

 

Il reprend exactement les paroles qu'il m'a dites au début de notre conversation et je lui répond ce que j'aurais dû lui répondre.
- Moi aussi, Kaze... je suis vraiment pressée...
- Hé, Lexie ?
- Oui ?
- Préviens tes parents que tu ne rentreras pas ce soir-là.

 

Et il raccroche. Et... moi, je ne suis plus qu'une torche vivante, ma bouche ouverte cherchant avec peine de l'oxygène.

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