Sims Love Stories
Chapitre 3
Lexie
La semaine suivante, je rentre de la fac épuisée.
Lorsque j’arrive à la coloc, j’entend l’eau de la douche couler ce qui signifie que Nina est déjà rentrée. Je pose mes affaires et me dirige directement vers le frigo pour me servir un verre d’eau fraîche que je bois d’une seule traite. Les températures ont considérablement augmenté ces derniers jours et il va falloir songer à brancher la clim.
J’en suis là de mes réflexions quand j’aperçois Nina enroulée dans sa serviette de bain.
Je suis vraiment contente qu’on puisse partager cette colocation elle et moi. Toutes les deux on se connaît depuis le collège. On s’est rencontré quand on avait douze ans et une amitié solide est née entre nous au fil des années. Alors quand on a toutes les deux été acceptées dans la même fac on a fait tout notre possible pour vivre sous le même toit. Evidemment avec nos petits revenus c’était pas gagné d’avance mais grâce à mon père, qui a acheté cette petite maison, notre rêve a pu se concrétiser.
Nina suit un cursus d’architecte d’intérieur et moi j’ai choisis la gestion. Ce diplôme me permettra peut-être un jour de gérer mon propre hôtel, grâce à sa formation solide qui va de la finance au management, en passant par le marketing et par tout ce qui touche au tourisme, dont une spécialisation dans l’hôtellerie.
Je sens le regard de mon amie s’attarder sur moi.
-« Ca va toi ? » me demande-t-elle de sa voix douce.
-« Oui ça va… »
Elle me regarde en silence. Je sais ce qu’elle pense, elle me connait trop bien.
-« Je sais pas… tu as l’air… différente depuis le week-end dernier. » insiste-t-elle.
Je ne répond pas tout de suite. Qu’est-ce que je peux bien lui dire ? Que j’ai rencontré le chanteur des Stoners dans les chiottes du Blue et que cette rencontre a eu sur moi l’effet de la bombe hiroshima, mais que malheureusement je ne peux en parler a personne car je l’ai promis ? Que je me sens super triste depuis cette soirée et que j’ai pas pu résister à la tentation d’aller voir la page FB du groupe, et que les photos prises par Dave à l’aéroport n’ont pas arrangé mon état ? Qu’à la vue de Kaze assis à côté de Cole et Riley dans une position relax et sexy j’ai reçu un uppercut en plein coeur tellement je le trouve hot, et bien plus que ça, depuis notre rencontre hors du temps ? Que je me trouve idiote de retomber dans mes travers d’ado ? Que j’éprouve un tas de sentiments contradictoires ?
Son regard au Blue m’a poursuivit pendant des jours et me poursuit encore. J’ai la sensation d’avoir loupé un truc important mais sans pouvoir mettre le doigt dessus.
Je serre les dents.
Non, bien sûr que non, je ne peux pas dire tout ça à Nina ! D’ailleurs, après cette introspection humiliante, il est temps que je me secoue. Bordel ! Personne ne va le faire à ma place. C’en devient ridicule et pitoyable.
-« Ca va, je t’assure. J’ai pas mal bossé cette semaine pour mes partiels. » répondis-je finalement.
Un demi-mensonge.
Mon amie reste silencieuse tout en m’observant d’un regard pénétrant, puis esquisse un sourire. Elle n’est pas convaincue à cent pour cent, mais la connaissant, elle ne cherchera pas à me pousser dans mes retranchements.
Je la vois disparaître dans sa chambre. J’allume la télé en m’asseyant sur le canapé. Je me cale confortablement tout en laissant divaguer mon esprit.
Le lendemain de ma rencontre avec Kaze, j’ai imprimé les paroles de Rising star pour redécouvrir cette chanson. Belle et triste, elle porte un message d’espoir pour deux petits garçons malmenés par la vie. Je ne sais pas exactement dans quelles circonstances lui et son frère l’ont écrite… Mais je dois avouer que je n’avais jamais fait le rapprochement entre ce texte très pudique et eux.
Ma gorge se serre. Je ne veux pas y penser et je ne veux pas en savoir plus. Je ne veux pas m’immiscer dans une partie de leur vie qui leur appartient, à eux seuls. Cette chanson, ils la protège soigneusement depuis des années, refusant de l’exposer au monde entier et de l’utiliser à des fins commerciales. Pas de doute qu’elle aurait cartonné ! Qu’elle aurait certainement fait partie de leurs plus gros succès, ou aurait même été le plus gros. Alors, pour ma part, il est capital de respecter leur souhait.
-« Vendredi, les Delta organisent une soirée au campus, tu viens ? » me demande Nina en réapparaissant en pyjama.
Non… est mon premier réflexe. Mais cette partie en moi, qui trouve complètement crétin de me languir pour un mec intouchable, à des kilomètres de moi, au sens propre comme au sens figuré, se rebelle. Kaze et moi on évolue pas dans le même monde. Et, à présent, il est plus que temps de réintégrer ma galaxie.
-« OK. » répondis-je avec un sourire.
En fin de semaine, j’accompagne mon amie à cette fête, refoulant toutes les visions indésirables d’une certaine rock star. Ma vie d’étudiante recommence comme avant. Entre les différentes matières, mes devoirs, mes copines, nos sorties et mon job à l’hôtel. Ma tristesse se dissipe, Kaze niché dans un coin de ma mémoire comme un merveilleux souvenir. Tout simplement.
5 mois plus tard - début juillet.
Je me gare devant la maison de mes parents. Une magnifique bâtisse tout en baies vitrées, entourée d’une immense piscine. Ils l’ont acheté quand mon frère et moi étions enfants, ma mère tenait à nous élever loin du chaos de la ville et je dois reconnaitre que nous avons eu une enfance vraiment privilégiée ici.
Je coupe le moteur et descend de ma Mini Cooper, un modèle d’occasion offerte par mon père quand j’ai eu mon permis. Je récupère ma valise à l’arrière et m’avance sur la terrasse en faisant rouler mon bagage sur le plancher en bois, heureuse et excitée de me retrouver ici pour l’été, avant d’entamer ma deuxième année à la fac.
Je vois mon père sortir de la maison et s’approcher de moi l’air ravi.
-« Ma princesse, comment vas-tu ? » dit-il, un large sourire illuminant son visage.
-« Ca va super, maintenant que je suis là ! » répondis-je en me jetant à son cou.
Il me serre fort contre lui.
-« Ca fait du bien de te voir mon petit papounet ! »
Je lève les yeux et aperçois ma mère et mon frère sortir à leur tour, le sourire aux lèvres.
Ma mère vient me serrer contre elle. Son parfum, si familier, inonde mes narines et je ressens immédiatement une douce chaleur se répandre dans ma poitrine.
-« Félicitations pour ta première année ma chérie. Je suis vraiment fière de toi. » me dit-elle.
Je me recule légèrement avec un grand sourire.
-« Merci. L’année n’a pas été facile, mais je me suis accrochée et je suis vraiment contente de mes résultats. » répondis-je.
-« T’es la meilleur soeurette ! » lance Yuri en me serrant à son tour dans ses bras.
-« Ca c’est parce-que j’ai eu un excellent model ! » répondis-je en enfonçant mon poing dans l’épaule de mon frère.
Il riposte en me donnant des petits coups dans les côtes et nous éclatons de rire.
Ah bon sang, ça fait du bien d’être à la maison !
Après avoir ranger mes affaires dans ma chambre, j’enfile un maillot et descend rejoindre mon frangin au bord de la piscine.
-« Elsa n’est pas venue avec toi ? » lui demandé-je en m’asseyant au bord de l’eau.
Elsa c’est sa petite amie. Ils se sont rencontrés à la fac il y a trois ans et depuis ils ne se sont plus quittés. Ils forment vraiment un beau couple tous les deux et je suis heureuse que mon frère ait enfin trouvé une fille qui lui correspond et surtout qui arrive à canaliser son tempérament, disons, plutôt fougueux !
-« Non, elle avait des trucs à régler en famille. Du coup elle me rejoint dans quelques jours. »
-« Cool, j’ai hâte de la revoir ! »
Je le pense sincèrement, cette fille est vraiment chouette.
-« Et toi, t’as rencontré quelqu’un cette année ? » me demande-t-il avec son regard pénétrant.
Mon coeur manque un battement au souvenir de ma rencontre avec Kaze. Je ravale la boule qui se forme au fond de ma gorge et inspire profondément avant de répondre :
-« Non, personne qui en valait vraiment la peine ou qui était accessible… »
-« Ils ont vraiment tous de la merde dans les yeux ! T’en fais pas soeurette, un jour tu trouvera le mec idéal et à ce moment-là ta vie prendra un autre tournant. » me répond-t-il en souriant.
Et il sait de quoi il parle ! Avant Elsa, mon frangin a eu un nombre incalculable de copines et l’amour était un mot inconnu pour lui.
Pour ma part, j’ai eu trois petits copains au lycée, mais mes histoires se sont bien vite terminées. La première dans les larmes et avec un gros câlin de ma mère, au passage, c’est à ce garçon que j’ai offert ma virginité. La deuxième n’a même pas duré un mois et ma dernière relation s’est achevée parce qu’on est parti chacun étudier dans des Etats différents. Du coup, la séparation s’est faite naturellement. Aucun de nous deux ne voulait s’engager dans une relation longue distance qui avait de fortes chances de ne pas tenir à l’arrivée…
Et puis cette année, mes études ont été tellement prenantes que j’ai mis les mecs de côté. Bien sûr, j’ai pris du bon temps à quelques soirées étudiantes. J’ai même roulé des pelles à trois gars dans trois soirées, mais sans que ça aille plus loin. Pour tout dire, j’ai pas assisté à une tonne de fêtes, au grand désespoir de Nina, mais c’est difficile de concilier sorties et travail quand on veut réussir sa première année en visant la tête du classement de sa promo. Mes samedis soirs, je les ai passés le nez plongé dans mes bouquins plutôt qu’à m’amuser.
En fait, les choses ont un peu bougé juste avant le début des vacances d’été. Anton, un membre de la fraternité des Delta, a réussit à capter mon attention. Mais à chaque fois que je l’ai aperçu dans des soirées étudiantes, il avait une fille scotchée contre lui. Un frein ! Mais j’ai pu remarquer qu’il me suivait souvent du regard quand on se voyait. Après ce petit jeu du chat et de la souris, qui a duré un temps, ça a été plus loin à la fête que les Delta ont organisé avant l’été.
On s’est isolés dans sa chambre après avoir discuté une bonne partie de la soirée, on n’a pas couché ensemble, non, mais il m’a fait atteindre un bel orgasme avec sa bouche, et moi, je lui ai rendu la pareille avec ma main.
Ce soir-là, j’ai pu découvrir et apprécier un gars intéressant avant que discuter ne soit plus du tout au programme et qu’on pousse les choses plus loin.
J’ai pourtant le sentiment que je l’intéresse vraiment. Et il me plaît beaucoup. Mais aujourd’hui, j’ai pas envie de me prendre la tête pour savoir si on se reverra ou non à la rentrée.
En fin d’après-midi, je rejoins ma mère sur la terrasse pour boire le thé. Comme toujours avec elle je peux discuter de tout librement, elle est à la fois ma mère et ma confidente. Nous discutons de mes cours, de ma colocation avec Nina, de mes soirées sur le campus et de mes petits flirts. De tout sauf de Kaze… Mon coeur se serre rien qu’à cette pensée.
Mon père nous rejoins un peu plus tard, une tasse à la main.
-« Alors ma petite chérie, combien de garçons t’ont fait du mal cette année ? Il faut que tu me le dise hein si tu veux que j’aille casser leur belles petites gueules ! » déclare-t-il.
Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire, et ma mère aussi.
-« Quoi ? Je suis très sérieux, personne ne peut faire du mal à ma princesse et s’en sortir indemne ! » continue-t-il.
Cette fois nous rions franchement et je suis submergée par une vague d’affection.
Après le dîner, je remonte dans ma chambre. Ca me fait toujours tout drôle de me retrouver dans ma chambre d’adolescente, j’ai l’impression que je suis à des années lumières de cette époque et pourtant c’était il y a pas si longtemps…
Je me dirige vers la salle de bain attenante pour prendre une longue douche relaxante, et je m’enroule ensuite dans une grande serviette éponge. De retour dans ma chambre, j’enfile un pyjama puis je m’installe à mon bureau et allume mon ordinateur. Je me connecte à mon compte FB puis après avoir consulté mon mur d’actualités et les pages que je suis, le gros titre d’un article de webzine me saute méchamment aux yeux. Mon coeur se met à tambouriner dans ma poitrine, malgré moi. Mais mon index n’hésite qu’une fraction de seconde avant de cliquer sur le lien. Le titre m’apparait de nouveau en grand : La tournée triomphale des Stoners se poursuit à travers le monde. S’en suit un petit article et une photo où le groupe pose devant l’objectif.
Mes yeux s’attardent sur le visage de Kaze avant de poursuivre ma lecture. Je sais ce qui va suivre… Forcément… Les magazines people ne parlent que de ça depuis quelques temps.
Pendant sa tournée en Australie, Kaze a rencontré Chloé Sparks, une actrice en vogue en ce moment. Elle se trouvait la-bas pour la promotion du dernier blockbuster dans lequel elle a le rôle principal. Leur histoire d’amour fait à présent rêver tout leurs fans. Il y a même des rumeurs de fiançailles qui courent.
Pour tout autre couple, j’aurais levé les yeux au ciel en lisant le mot fiançailles après quelques semaines d’idylle seulement, mais là j’en suis incapable.
J’ai déjà vu plusieurs photos de Kaze et Chloé dans la presse, difficile d’y échapper. Mais le premier cliché que j’ai vu d’eux m’a tailladé la poitrine en plusieurs morceaux, alors que j’avais réussi à reléguer Kaze pendant des mois dans un coin de mon cerveau, suivant de loin la tournée des Stoners.
Vu ma réaction ce jour-là, j’ai vite compris que je suis loin d’être guérie du syndrome Kaze. Alors je me suis plongée un peu plus dans mes études, je suis sortie et j’ai réussi à surmonter ce cuisant moment. Depuis, j’ai vu d’autres clichés. Ces autres photos m’ont fait moins mal. Je les ai même regardées avec un certain détachement.
Mais là, alors que j’examine cette photo où Kaze enlace Chloé, un truc acide remonte tout à coup dans ma gorge, que je tente de ravaler avec force.
Le fait que j’ai pu m’imaginer quoi que ce soit avec lui me paraît soudain encore plus ridicule, voire humiliant, à cette seconde, alors que mes yeux restent braqués sur Chloé. Vingt et un an, un peu plus grande que moi, une taille mannequin à défier les lois physiques, dotée d’un superbe visage. Ils forment le couple parfait, digne d’un scénario à succès d’Hollywood. Deux stars appartenant à la même galaxie.
Le plus écoeurant c’est que cette nana a une personnalité sympathique, n’hésitant pas à se laisser photographier le visage au naturel, à peine maquillée. Ajouté à ça qu’elle est loin d’être conne, différents interviews me l’ont déjà prouvé.
Une grosse pique dans la poitrine me fait comprendre que j’ai atteint mes limites et je clique pour fermer la page. L’esprit agité, je cherche ma série fétiche du moment sur Netflix avec une détermination implacable. Mais le sourire de Kaze, au Blue, se redessine devant moi.
Je repousse cette vision mais malgré tout mes efforts, un petit accès de mélancolie me saisit à la gorge. Je réagis illico en sélectionnant mon épisode avec une volonté dont je me félicite. J’avale cette boule amère et le repousse de mes pensées.
Un quart d’heure après, je suis à fond dans ma série. Mais lorsque le sommeil m’emporte deux heures plus tard, le visage de Kaze est la dernière chose qui flotte dans un coin de mon cerveau.