Nikita

Le lendemain, je me réveille dans un état second, souriant comme une gamine amoureuse. Alex et moi avons franchi un pas décisif dans notre relation qui n’est plus seulement amicale. Comment je dois la
nommer d’ailleurs ?
J’en reviens toujours pas de mon audace. Je l’ai allumé et proclamé mien avec un aplomb que je me me
connaissais pas…
Maintenant, reste à savoir si je suis capable de me lancer dans ce genre de relation.

Hier soir, Alex et moi sommes descendus sous les regards et sourires entendus de nos amis respectifs, fort heureusement personne n’a fait de commentaires. Je suis ensuite partie avec Barbara et mon voisin ami-amant nous a raccompagnées insistant pour rentrer avec moi. J’ai parfaitement compris qu’il voulait qu’on finisse la nuit ensemble. Je lui ai fait comprendre qu’il était préférable de laisser le temps au temps, ce qu’il a respecté et nous nous sommes souhaité une bonne nuit.

Je regarde l’heure sur mon réveil, treize heure !
Décidément, les dimanches deviennent pour moi des super grasses matinées. Je me lève et me prépare un café, moment de pur bonheur pour mon palais, même à cette heure avancée.

Merlin vient me dire bonjour et se frotte contre mes jambes en ronronnant. Comme d’habitude je lui raconte ma vie et il m’écoute d’un air indifférent tout en réclamant de l’attention, ce qui me fait rire.

La douche est aussi la bienvenue. Je reste de longues minutes sous le jet d’eau avant de me décider à sortir me sécher. J’opte pour une tenue très décontractée, short et sweat-shirt large, puis je coiffe mes cheveux en un chignon lâche.
J’entreprends ensuite de faire mon ménage, et lorsque je suis satisfaite du résultat obtenu, il est déjà la fin d’après-midi. Je m’étonne de ne pas avoir de nouvelles d’Alex, dort-il encore à presque dix-sept heures ? Peut-être est-ce mieux ainsi après tout.

C’est vrai que je lui ai demandé d’y aller doucement, au moins il respecte ma demande. Enfin, il aurait quand même pu venir me dire bonjour. A moins qu’il attende que ce soit moi qui vienne à lui ?
Putain, je sais pas quoi faire, c’est frustrant !

J’en suis là de mes réflexions lorsque j’entends des coups frapper contre ma baie vitrée qui me font sursauter. Alex se tient derrière celle-ci, dans toute sa beauté animale, attendant que je le fasse entrer. Il porte une chemise ouverte sur un jean, et si j’en crois ses cheveux encore humides, il sort de la douche.

Je lui souris et m’approche de la vitre, son sourire sexy fait palpiter mon coeur. Il est en mode séduction, je le sais. Je relève mes yeux pour les porter à la hauteur des siens qui luisent d’un éclat malicieux, je craque et ouvre.

-« Tu sais, j’ai une porte d’entrée. » lui dis-je.
-« Je trouve que passer par le balcon fait plus romantique. »
-« N’importe qu… »

Je n’ai pas le temps de finir qu’il prend mon visage dans ses mains et m’embrasse passionnément. Ses lèvres sont tendres et exigeantes en même temps, et moi, eh ben, je me livre complètement. Surprise par cet élan, je me laisse aller à lui rendre son baiser.

Alexey

Enfin, je la retrouve !
Ca fait quatre heures que je patiente. Elle m’a demandé de pas la brusquer, alors j’ai essayé de faire comme elle le souhaite. Pourtant, j’avais eu l’espoir qu’elle vienne frapper à ma porte, même si je me doutais qu’elle était trop timide pour venir me séduire à nouveau. J’en suis encore à me demander comment elle a osé m’allumer cette nuit…

Après mon retour ce matin, j’ai encore rêvé d’elle, de toutes les manières possibles et imaginables, nue sous moi, au-dessus, mais surtout moi en elle.
J’ai eu un aperçu de l’alchimie sensuelle et sexuelle qu’il y a entre nous et ça m’a vraiment frustré de pas pouvoir aller plus loin.
Après une deuxième douche, j’ai profité que les gars dorment à moitié devant la télé pour leur fausser compagnie et venir auprès d’elle. J’avoue que j’aurais préféré qu’elle m’attende en petite tenue sexy, voire même nue, mais on en est encore au stade de la découverte. Je veux pas aller trop vite et l’effrayer, même si c’est une grande nouveauté pour moi, elle a totalement chamboulé ma façon de fonctionner.
Rien que le baiser que nous échangeons en ce moment me le prouve. Je suis sous le charme.

-« Alex… » me supplie-t-elle.
-« Oui ? » dis-je en déplaçant mes lèvres sur sa joue jusqu’à son oreille.
-« S’il te plaît… J’ai envie de mieux te connaître avant… »
-« C’est ce dont j’ai envie aussi. » dis-je en reprenant mes caresses sur son cou.
-« Non, pas comme ça. Je veux dire en parlant… »

OK, tout faux. J’ai un début d’érection, et franchement j’ai d’autres choses en tête que discuter. Mais je respecte son désir en mettant le mien en… attente.
-« D’accord, de quoi tu veux parler ? » lui demandé-je tout en la collant contre mon corps.
Ce qui n’arrange en rien mon état.

-« Tu veux un café ? » me propose-t-elle.
-« Hum… OK. »

Pendant qu’elle prépare le café je laisse vagabonder mes yeux et tombe sur une photo d’elle petite fille, entourée de ses parents. Je remarque qu’elle ressemble beaucoup à sa mère.

-« Mes parents. » explique-t-elle en revenant avec nos tasses.
-« Tu ressembles beaucoup à ta mère. »
-« Tu trouves ? »
-« Physiquement oui, mais votre style est totalement différent. »
-« Oui c’est vrai… C’est une artiste idéaliste qui vit au gré de ses envies. A l’époque elle avait ouvert une galerie avec mon père, elle peignait et il sculptait… On peut dire que j’ai grandi au milieu de la peinture et de l’argile. Mais elle a beaucoup changé après la mort de papa… Aujourd’hui elle vit à une centaine de kilomètres d’ici avec un homme beaucoup plus jeune qu’elle… Elle a refait sa vie. » dit-elle en fixant la photo avec nostalgie.

-« Tu avais quel âge quand tu as perdu ton père ? »
-« Dix-huit ans… C’est un cancer qui l’a emporté. Foutue maladie… »
-« Je suis désolé… Le deuil est la pire des épreuves. »

-« Le temps aide, même si on oublie jamais vraiment… Et toi ? »
-« Quoi, moi ? »
-« Parle-moi de ton enfance. »
-« Il n’y a pas grand chose à dire… Je suis né dans un petit village pauvre de Russie, ma mère était sans emploi et mon père travaillait à l’usine. On peut pas dire que j’ai eu une enfance dorée mais j’étais heureux, enfin pendant un temps… Mon père est décédé d’une crise cardiaque l’année de mes seize ans et ma mère d’un cancer quelques mois après… »

Elle me regarde en buvant mes paroles et je la vois pâlir lors de ma dernière phrase, elle balbutie :
-« Je… Excuse-moi… Je suis désolée… Je… »
-« C’est rien, t’inquiète pas, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, j’ai réussi à faire mon deuil et puis s’ils avaient été encore en vie je ne serais pas devenu mannequin. Et plus important, je ne t’aurais jamais rencontrée. »

Nikita

Non, mais quelle gourde ! Je ne sais pour quelle raison j’étais persuadée qu’il avait toujours vécu dans le luxe. Il n’a pas l’air de m’en vouloir, mais moi je m’en veux pour deux.
Je l’imagine adolescent, se retrouvant orphelin et mon coeur se serre. Je pose ma tasse sur le comptoir et m’approche de lui en lui caressant la joue. L’histoire de son enfance m’a bouleversée, il a ses propres blessures et préfère les enfouir plutôt que d’en parler. Je passe mes bras autour de son cou et réalise à quel point ce contact m’a manqué.

Il plonge ses iris bleu dans mes yeux et capture mes lèvres avec une infini douceur. Notre baiser devient plus ardent et je sens la fièvre nous reprendre.

C’est simple, il suffit qu’il me touche pour que je sois perdue. Il fait sortir la femme sensuelle en moi, celle que je cache, celle dont j’ai honte depuis si longtemps. Celle qui peut me transformer en une personne que je pourrais haïr. Pourtant, je ne peux m’empêcher de répondre à son baiser avec la même ardeur.

Notre baiser prend fin et je me rends compte que je laisse échapper un soupir de plaisir.
-« T’es sûre de pas vouloir aller plus loin ce soir ? » m’interroge-t-il.
-« Je sais pas… je sais plus… C’est ta faute aussi ! Tu me rends folle… Pourquoi embrasses-tu si bien ? »

Il arque son sourcil, je le vois prendre un air satisfait typiquement masculin. Je souris à mon tour, il a besoin d’être reconnu et protégé. Une vrai reconnaissance, pas celle de son image avantageuse, mais celle de l’homme qu’il est réellement. Je succombe à son charme, j’espère seulement ne pas me tromper.

-« Tu veux qu’on dîne ensemble ? » lui demandé-je.
-« Parce que tu pensais me renvoyer chez moi ? »
-« Eh ben, t’es pas tout seul, il me semble. »
-« C’est bizarre ce que tu dis, on dirait que j’ai une femme qui m’attend à l’appartement… »
Je m’esclaffe.
-« Je serais ravi de manger avec toi… Et je serais même très heureux de faire d’autres choses beaucoup moins sages avec toi… » ajoute-t-il.

-« Alex… » soupiré-je.
-« Tu peux pas m’empêcher d’essayer ! »
-« OK… Essai, mais ça veut pas dire que tu vas y arriver. »
-« Oh, ça… je sais d’avance que tu craqueras… Tu tomberas amoureuse en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ! »
-« T’aimer ? »
-« Je sais, même pas en rêve… » dit-il contrarié.

Sa mimique me fait rire et je suis presque tentée d’avoir pitié de lui. Mais à l’allure où on va, il nous faut des limites, j’en ai besoin, même si j’ai autant envie que lui de passer à l’étape supérieure.
-« Je me demande si je devrais pas inviter Ricci et Keiji à venir manger aussi. » proposé-je.

-« Pas de soucis, vas-y. » déclare-t-il, souriant.

Je pars en direction de la porte d’entrée tout en le regardant suspicieusement, il mijote quelque chose, mais je n’arrive pas à savoir quoi.